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LA BELGIQUE.


et l’on peut se reposer sur les besoins croissans de l’industrie en France et le mouvement d’idées qui s’y développe, du soin de créer à ce produit de plus larges débouchés vers nos frontières. Une première et prudente satisfaction a été donnée à cette pensée d’avenir par un ministre éclairé ; mais tout n’est pas fait encore, et la Belgique peut s’en fier à ce qui n’a jamais reculé en France, même devant de grandes calamités, à l’irrésistible entraînement de l’opinion.

Nous portons dans ces recherches un dégagement trop complet de vues systématiques, pour prétendre appliquer à l’industrie cotonnière tout ce qui vient d’être dit de la situation généralement satisfaisante des manufactures et du commerce de ce pays.

Cette industrie, qui, depuis quinze ans, ne produisait guère que des espèces communes pour alimenter le marché de Java, abandonnant sans résistance le marché intérieur à l’Angleterre, a vu soudain toutes ses habitudes contrariées, toutes ses routines rendues impossibles. Il a fallu sortir enfin de son apathie pour lutter contre la production étrangère, en essayant de faire aussi bien qu’elle. Ce coup devait être sensible : il porta spécialement sur la ville de Gand ; et un très grand nombre de fabricans trouva d’abord plus commode d’attendre la restauration promise chaque matin, que de se soumettre aux conditions de l’indépendance nationale. Mais ces espérances, devenant de jour en jour plus incertaines, durent bientôt céder aux impulsions de l’intérêt personnel et au gros bon sens du comptoir. Si quelques fabriques furent fermées, d’autres ne tardèrent pas à s’ouvrir, et le Brabant bénéficia de la mauvaise humeur de la Flandre. On s’attacha à pourvoir le marché belge, si long-temps négligé ; et placés dans des conditions de travail plus favorables que la plupart des producteurs étrangers, à raison du taux de l’intérêt de l’argent et du bas prix de la main-d’œuvre, les fabricans nationaux rendirent chaque jour la concurrence plus rare et plus difficile.

Il résulte des états produits par l’administration des douanes que l’importation en Belgique du coton en laine, restant à l’intérieur et destiné à y recevoir la main-d’œuvre, est aujourd’hui supérieure à ce qu’elle était sous le royaume des Pays-Bas. Les mêmes documens, corroborés par les états officiels du gouvernement britannique, constatent que l’année dernière l’importation anglaise, en tissus de coton, n’est montée qu’à une valeur de 128,475 liv. sterl., tandis qu’elle était, en 1829, d’une somme de 584,184 liv. sterl. pour les provinces méridionales du royaume. Les tableaux des douanes françaises présentent des résultats non moins

    des zônes froisse, sous certains rapports, les intérêts de ce pays, ne permet pas de douter que l’importation en France n’ait augmenté dans une notable proportion.