Jamais la politique européenne n’entreprit une tâche difficile avec moins de confiance et plus de succès qu’en 1830. Entre les grands pouvoirs appelés à fixer le sort du monde, rien de commun ni dans l’origine, ni dans les doctrines, ni dans les personnes : aucun principe de droit public universellement admis ; les uns partant de la souveraineté du peuple et de la volonté nationale ; les autres de la suprême autorité des rois et des traités qui la consacrent dogmatiquement. À cette diplomatie dont les membres se trouvent face à face en état de suspicion et presque d’hostilité, à ce congrès que le bruit des révolutions menace de dissoudre d’heure en heure, la Providence jette la question la plus inflammable par elle-même, la plus ardue par ses détails, la plus propre à échapper aux négociateurs, par la mobilité de l’une des parties aussi bien que par l’obstination de l’autre.
Et pourtant, cette diplomatie livrée d’abord à tant d’hésitations, qui proclamait le principe de non-intervention pour l’abandonner le lendemain, dont l’action prenait tantôt le caractère d’une médiation amicale, tantôt celui d’un arbitrage coërcitif, tant elle était embarrassée pour se définir elle-même ; cette conférence de Londres, réunie sur l’invitation expresse du roi des Pays-Bas pour aviser au maintien des traités de 1815,