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dans la grande ville, quand on est sorti de si bon matin, c’est qu’on n’est pas rentré.

— Monsieur ne découche jamais, dit sèchement Joseph, qui tenait à me conserver une réputation virginale.

— Je ne dis pas cela pour vous offenser, mais ça n’empêche pas que s’il savait que je suis là, il me ferait joliment entrer.

— Si vous voulez laisser votre nom, continua Joseph, je le remettrai à monsieur quand il rentrera.

— Oh ! que oui, que je le laisserai mon nom ; et quand il saura que je suis à Paris, qu’il m’enverra chercher un peu vite, encore !

— Et où demeurez-vous ? dit Joseph, qui commençait à prendre peur.

— À la barrière de la Villette, vu que ça coûte moins cher que dans l’intérieur.

— Et comment vous appelez-vous ? ajouta Joseph de plus en plus inquiet.

— Gabriel Payot.

— Gabriel Payot de Chamouny ? criai-je de mon lit.

— Hein ! farceur, que je savais bien qu’il y était, moi. — Oui, oui, de Chamouny, et qui vient vous voir, encore ; et qui vous apporte une lettre de Jacques Balmat, dit Mont-Blanc.

— Entrez, mon brave, entrez.

— Ah !… fit Payot.

Joseph ouvrit la porte et annonça : M. Gabriel Payot, de Chamouny.

Payot le regarda de côté pour voir s’il ne se moquait pas de lui ; mais voyant que Joseph fermait la porte en gardant son sérieux, il chercha où j’étais, et m’aperçut dans mon lit.

— Oh ! pardon, excuse, me dit-il.

— C’est bien, c’est bien, mon enfant. Et par quel hasard ?

— Oh ! je vais vous conter tout cela.

— Asseyez-vous d’abord.

— Je ne suis pas fatigué, merci.

— Asseyez-vous toujours, c’est l’habitude à Paris.

— Puisque vous le voulez absolument.

— Là, là. — Je lui montrai une chaise auprès de mon lit. — Connaissez-vous cette montre-là, Payot[1] ?

  1. Voir les Impressions de Voyage.