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une grande analogie avec les associations des maîtres chanteurs et les sociétés qui se formèrent plus tard en Allemagne. Chacune de ces chambres de rhétorique prenait un nom de fleur et une devise, et tous ses membres étaient classés par ordre hiérarchique. Le premier d’entre eux portait le titre d’empereur, les autres celui de prince, de doyen ; puis venaient les facteurs, les trouveurs (Vinder), les hommes chargés de faire telle ou telle pièce de vers, et ceux à qui on confiait le soin de préparer les cérémonies. Ces sociétés se proposaient des questions, distribuaient des prix et quelquefois concouraient ensemble. Il y en avait plusieurs dans chaque ville. Peu à peu on en compta jusqu’à deux cents dans la Hollande, et le nombre de leurs membres était assez considérable ; car, en 1561, dans une réunion qui eut lieu à Anvers, les sociétés de onze villes furent représentées par quatorze cent soixante-treize personnes.. Bientôt leur influence s’accrut, les grands seigneurs eux-mêmes les soutinrent de leur crédit, et Philippe-le-Bel, duc de Bourgogne, devint un de leurs membres. Dans les momens de trouble politique, elles exerçaient leur influence en se rangeant du côté de tel ou tel parti. Leurs armes, à elles, c’était l’épigramme, la chanson, la comédie grossière. Elles continuaient ainsi, avec le sarcasme et l’injure, la guerre que le peuple soutenait avec le glaive et l’arquebuse, et plus d’une fois ces escarmouches poétiques ne servirent que trop bien les rivalités de cités et les haines populaires. Dans le temps où la guerre des Hoekschen et des Kabbeljauwschen était le plus enflammée, le duc de Bourgogne fut obligé de rendre un édit pour interdire aux chambres de rhétorique les attaques trop injurieuses contre l’un ou l’autre des deux partis. Au xvie siècle, elles soutinrent la cause de la réformation mieux que n’auraient pu le faire bien des prédicateurs. Le dogme du protestantisme se plaida sur leurs théâtres, et le peuple assista à des spectacles où on lui représentait les cruautés du duc d’Albe, les massacres de Bruxelles, et la tête du duc d’Egmont tombant sous la hache du bourreau.

Sous le rapport littéraire, ces sociétés n’atteignirent nullement leur but. Elles étaient composées, pour la plupart, d’hommes peu lettrés, qui ne comprenaient pas le mouvement réel de la poésie. Au lieu de seconder l’esprit des écrivains en lui faisant prendre un essor hardi, elles fractionnèrent, en quelque sorte, les efforts de l’intelligence, et les réduisirent aux mesquines proportions du conte en vers, de la chanson. Puis ces sociétés s’établirent à une époque où la langue et la littérature hollandaise n’étaient pas encore assez formées pour vivre de leur propre vie, et conserver un caractère à elles. À défaut d’œuvres nationales propres à leur servir d’autorité et de modèles, les chambres de rhétorique eurent recours aux œuvres des autres peuples. Elles introduisirent dans la poésie