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LA BELGIQUE,
SA RÉVOLUTION ET SA NATIONALITÉ.

PREMIÈRE PARTIE.

Un étrange phénomène se produit en Europe : au moment où les nationalités s’effacent sous l’influence des idées générales, et semblent disparaître sous un niveau commun, un peuple se lève qui réclame son admission au rang des états indépendans, en arguant d’un titre que les conventions diplomatiques ont méconnu pendant quatre siècles. Au moment où les grands états deviennent un besoin tellement senti, que le système entier de l’Europe converge vers quelques centres principaux, une nation se fractionne et déchire le contrat d’union qui lui assurait une haute importance politique et commerciale. Ces vœux de divorce ont-ils pris leur source dans des théories révolutionnaires ou dans un sentiment vraiment intime ? l’espoir de constituer une nationalité belge a-t-il un fondement dans l’histoire, un point d’appui dans le génie populaire ? Ce désir est-il descendu de la conférence de Londres au sein des foyers domestiques ?

Il se fait de nos jours tant et de si vaines tentatives pour suppléer par l’élaboration artificielle à la vie réelle qui nous échappe, qu’il est fort naturel d’attendre, et fort légitime de douter. Dans un temps où l’on a vu l’art s’évertuer à créer par sa seule force une poésie, et même une foi