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ambitieuse. En deux ou trois endroits il y a de la satire avec assez de mordant. Le plus grand inconvénient du recueil est de ne pas concentrer l’inspiration sur un sentiment principal, et de ne pas offrir une manière acquise et distincte. C’est à ce double but que doit désormais tendre l’auteur, en qui cet essai annonce une faculté réelle et peu commune.


— Parmi le grand nombre de collections que les savans prennent soin de réunir, pour en faire le sujet d’études sérieuses, il n’en est aucune qui ait acquis une plus grande et plus juste célébrité, et qui mérite le plus d’être conservée intacte, que celle laissée par M. le baron Daudebard de Férussac. Il l’avait formée dans le but d’éclairer une branche particulière et spéciale de la conchyliologie, d’en faire connaître l’histoire naturelle aussi complètement que possible ; et on peut dire qu’il avait atteint son but. Cette collection est la plus complète qu’on possède en ce genre, parce que les espèces y sont nombreuses, qu’elles y sont toujours représentées par un grand nombre d’individus, et que presque toutes les variétés de chacune d’elles y sont rapprochées avec le talent que M. de Férussac possédait à un si haut degré pour ce genre de travail. Elle a le mérite d’être composée des matériaux qui ont servi aux grands ouvrages que M. de Férussac a publiés. Elle a encore un autre mérite qui lui est propre et exclusif, c’est de renfermer presque toutes les espèces que les naturalistes de tous les pays ont fait connaître. La grande activité de M. de Férussac, sa juste célébrité, les sacrifices qu’il faisait, les lui obtenaient des savans qui aimaient tous à le consulter. C’est ainsi qu’il est parvenu à réunir ce que MM. Michaud, Deshayes, Rang, en France ; Broderix, Crémieux, Souverby, Beau, Lowe, en Angleterre ; Nilsson-Beck, Ziegler, Mencke, en Allemagne ; Studer, en Suisse ; Jean et Christophori, en Italie ; Say Rafinesque, Lea, Lesueur, Barnes, aux États-Unis, ont publié ; les voyageurs eux-mêmes s’empressaient de venir déposer dans cette grande collection les exemplaires qu’ils rapportaient ; ainsi MM. Quoy, Lesson, d’Orbigny, ont contribué à l’enrichir des fruits de leurs découvertes. Tous les savans français doivent faire des vœux pour que cette belle collection, si intéressante sous tous les rapports scientifiques, fixe l’attention du gouvernement, et qu’elle vienne enrichir nos musées nationaux.


F. BULOZ.