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de la vieille monarchie pour y faire l’éloge de tout ce qu’il y a de liberté et de religion, de droits populaires et de priviléges de la couronne. De là ces éloges de la légitimité, de là ces opinions qui font que M. Capefigue, l’historien, le panégyriste de la restauration, appelle à lui, ou plutôt à son parti, M. Guizot, et le désigne comme le restaurateur du torysme en France. M. Thiers, au contraire, l’historien de la révolution française, l’ardent adversaire de la Vendée, M. Thiers est vivement repoussé par M. Capefigue.

Entre M. Thiers et M. Guizot, M. Capefigue trace, chemin faisant, les portraits politiques des ministres actuels et de ceux qui sont partis, de M. de Broglie et de M. d’Argout, homme d’une probité attentive, qui apporte dans son département les traditions administratives de l’empire ; du maréchal Maison, de M. Passy, de M. Pelet, de M. Sauzet, qui trouve seul grace aux yeux de M. Capefigue, en faveur de son plaidoyer pour M. de Chantelauze ; et enfin de M. de Montalivet, que M. Capefigue loue seul à sa façon. Nous joindrons nos éloges à ceux de M. Capefigue, mais pour d’autres motifs. Nous prenons ces motifs dans le dernier discours prononcé par M. de Montalivet à la chambre des pairs, où il a exprimé si noblement le désir de voir s’effacer, par une amnistie, nos dissensions civiles, et où il a repoussé les distinctions de dates avec une raison élevée, qui atteste un grand progrès dans les vues politiques de ce ministre.

Mais c’est particulièrement sur M. Guizot que l’auteur de cet ouvrage s’acharne. Déjà, dans un livre intitulé : le Gouvernement de Juillet de 1830 à 1835, M. Capefigue avait essayé de prouver que M. Guizot, volontairement ou non, appartient à l’école politique de la restauration, et qu’il se condamnerait à l’inaction, s’il refusait le seul rôle qui lui reste, rôle qui consiste à renforcer les doctrinaires de l’appui des légitimistes modérés, qui sont faits pour s’entendre et s’aimer les uns les autres. Cette proposition, M. Capefigue la renouvelle aujourd’hui ; il la faisait alors à M. Guizot au pouvoir, il la fait maintenant à M. Guizot tombé ; c’est bien de la générosité de la part de M. Capefigue.

Cette classification adoptée, M. Capefigue ne manque pas de faits pour l’appuyer. M. de Talleyrand, dont on met toujours le nom en avant en toute circonstance, M. de Talleyrand aurait travaillé de toutes ses forces au renversement de M. Guizot, qui contrariait ses plans de politique intérieure et étrangère ; mais alors il faudrait demander à l’auteur de ce livre comment M. de Talleyrand, qu’il a toujours traité de tory dans ses ouvrages, et qui penche, en effet, vers le torysme, comme on l’entend dans le jargon politique du jour, se tournerait du côté de M. Thiers, et non du côté de M. Guizot, le restaurateur du torysme en France. M. Capefigue nous expliquera peut-être cette contradiction dans son prochain