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PÂQUES.

Aux fraîches régions des belles fantaisies.

Et tout à coup du haut des plafonds entr’ouverts,
Sur le sombre Océan qui gémissait encore,
Un nuage passa véhément et sonore,
Qui, loin du tabernacle et des divers concerts,
En ses plis orageux me ravit dans les airs.
Te dire ici, lecteur, quel ténébreux espace
Il me fallut franchir en ma course emporté,
Quels vents impétueux sifflèrent sur ma face,
Quelle grande rumeur se fit à mon côté,
Serait chose impossible à l’humaine parole.
Et je crus dans mon trouble, en ce premier moment,
Que c’était saint Michel, l’ange du jugement,
Qui, m’enlevant aux bruits de la sainte coupole,
M’emportait sur son aile aux champs de Josaphat.
Et comme j’attendais qu’une lueur tombât,
Je vis à la clarté de sa pâle auréole
Que le beau séraphin, mon triste compagnon,
Qui, dans ces lieux déserts et ces plaines sans nom,
M’emportait au hasard dans sa course insensée,
C’était ma fantaisie et ma sombre pensée.
Après avoir ainsi, sous un ciel sans rayon,
Erré pendant un temps que je ne saurais dire ;
Car l’aride campagne, où plane le délire,
Ne peut se mesurer au terrestre compas ;
Et dans la plaine immense, infinie, éternelle,
Que l’ardente pensée échauffe de son aile,
Embrase de son souffle, et foule sous ses pas,
Les heures du cadran ne retentissent pas.
Après avoir long-temps erré, nous arrivâmes
Sur un sommet désert, où trois pieuses femmes
Se lamentaient, et comme une croix était là,
Je vis que ce sommet était le Golgotha.

Si tu n’as jamais vu cette sombre peinture,