Page:Revue des Deux Mondes - 1836 - tome 6.djvu/328

Cette page a été validée par deux contributeurs.
324
REVUE DES DEUX MONDES.

elle-même, outrée de tant de profanations, eût demandé l’éloignement de Leudaste, il fut chassé de l’asile de Saint-Hilaire, comme indigne de toute pitié[1]. Ne sachant où reposer sa tête, il s’adressa encore une fois à ses hôtes du Berri. Malgré les obstacles suscités autour d’eux par des évènemens récens, leur amitié fut ingénieuse à lui assurer une retraite, qu’il abandonna de lui-même après quelque temps, poussé par son humeur pétulante et ses fantaisies désordonnées[2]. Il reprit la vie de courses et d’aventures qui devait le mener à sa perte ; mais eût-il été doué de prudence et d’esprit de conduite, il n’y avait plus de salut pour lui : sur sa tête pesait une fatalité inévitable, la vengeance de Fredegonde, qui pouvait quelquefois attendre, mais qui n’oubliait jamais.


Augustin Thierry.
  1. Commota autem regina, quod scilicet locus Deo sacratus taliter pollueretur, jussit eum à basilica sancti ejici. (Greg. Turon. Hist. lib. v, pag. 264.) — Quem sancta Radegundis, quæ ibi morabatur, jussit citiùs removeri, ne per eum ecclesia pollueretur. (Chronicon Turonense, apud Edmundi Martene collect., tom. v, col. 940.) Il est probable que l’auteur de cette chronique, qui vivait à la fin du xiie siècle, avait vu dans quelque manuscrit de Grégoire de Tours une glose où le nom de Radegonde figurait après le mot Regina.
  2. Qui ejectus, ad hospites suos iterum in Bituricum expetit, deprecans se occuli ab eis. (Greg. Turon. Hist. lib. v, pag. 264.)