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LA PRESSE FRANÇAISE.

agriculture et économie rurale, 22 ; — commerce et industrie, 23 ; — instruction publique, 7 ; — à l’usage des femmes, demoiselles et enfans, 20 ; — modes, 11 ; — recueils pittoresques, 4 ; — annonces, 7 ; — divers recueils inqualifiables, 12.

Total pour Paris seulement : 347.

La presse départementale répandait de son côté 258 journaux, savoir Politique et administration, 153 ; — recueils purement littéraires, 4 ; — feuilles destinées aux nouvelles locales, à la publicité commerciale et judiciaire, 101. Trois départemens étaient privés de journaux indigènes, les Hautes-Pyrénées, les Hautes-Alpes et les Basses-Alpes, D’autres au contraire, comme le Nord et la Seine-Inférieure, en comptaient jusqu’à 15 ou 16.

Entrons maintenant dans le détail des tentatives faites en 1835. — Journaux ou magasins littéraires ; 32 ; — politique, 7 ; religion et morale, 9 ; — jurisprudence et législation, 11 ; — sciences exactes, 4 ; — médecine, 3 ; — enseignement, 5 ; — agriculture, commerce, industrie, génie militaire, 16 ; — à l’usage des enfans, 7 ; — modes, annonces, 12 ; — en langues étrangères, 3. Total : 109 journaux, dont 25 fabriqués en province, et sans y comprendre 38 autres, dont nous sommes menacés par autant de prospectus. Si toutes ces entreprises étaient poursuivies, la France posséderait 752 journaux !

On pourrait croire, à cette concurrence effrénée, que le journalisme est une source de fortune. L’erreur serait grande assurément. On ne citerait pas à Paris vingt administrations en état de prospérité réelle, sur les trois à quatre cents qu’on y compte toujours en exercice. Il est moins facile de trouver des abonnés pour soutenir un journal, que des actionnaires pour le fonder. Les incorrigibles sont d’ordinaire des ambitieux politiques, des inutiles, qui ont la maladie des succès littéraires, des spéculateurs qui cherchent les échos. Cet impôt, fourni par l’amour-propre et la cupidité, est intarissable. À quoi sert-il en dernier résultat ? À donner quelques mois d’existence à des feuilles dont nous voyons les lieux publics inondés, qu’on vous met en main dans la rue, qu’on glisse sous votre porte ; feuilles sans mission et sans lecteurs, et qui, n’ayant, pour être remarquées, qu’à harceler, ce jour l’un, et l’autre demain, jettent une sorte de discrédit sur le droit de publicité par la presse, importante conquête, achetée au prix de deux révolutions.

On céderait moins étourdiment à la malheureuse pensée de créer un journal, si, au lieu de se promettre l’influence de quelques directeurs, on recherchait par quelle somme de travaux ils l’ont acquise. Entrevoir, dans ce remuement confus qu’on nomme la société, un intérêt positif à représenter, ou un besoin moral à satisfaire ; étudier tous les hommes de