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qui ont tour à tour dirigé le mouvement, ont été rudement redressées par le peuple, et que le clergé lui-même n’a été frappé que parce qu’infidèle à sa divine mission depuis plusieurs siècles, il faisait cause commune avec les exploitateurs de l’humanité. De là cette conclusion, que la nation française, en demandant l’égalité et la fraternité, obéissait à un principe que l’éducation avait incarné en elle, et qui agissait à son insu avec la force d’un instinct naturel. Cet instinct, ils le nomment esprit chrétien. Est-ce autre chose que ce moteur inconnu, vaguement appelé jusqu’ici esprit démocratique, attribué par les rétrogrades aux mauvaises doctrines, par les libéraux aux progrès des lumières, et que M. de Tocqueville, dans l’ouvrage cité plus haut, accepte comme une loi providentielle ? Le plan de l’Histoire parlementaire est le plus convenable pour appuyer une théorie nouvelle. Une série de pièces authentiques est offerte à la critique du lecteur. Cette volumineuse collection reproduit les séances des chambres, celles des clubs et notamment des Jacobins, des documens administratifs, des extraits de journaux, livres et pamphlets du temps. On ne retrouve les auteurs que dans leurs préfaces et dans l’habile disposition des matériaux. — L’empire, la restauration, la dynastie nouvelle, n’ont pas plus manqué d’historiens. On peut dire que tant d’alimens jetés chaque année à la curiosité publique, l’excitent plutôt qu’ils ne l’apaisent.

— Histoires particulières des provinces et des villes de France, 62 publications. — Annales des peuples étrangers, 19, parmi lesquelles on distingue l’Histoire de l’empire Ottoman, par M. de Hammer, dignement appréciée dans cette Revue, et la Critique du moine Nestor, écrite en langue slave vers la fin du xie siècle, autorité unique pour les premiers âges de la nation russe. L’état politique et moral de diverses nations forme le sujet de 13 ouvrages. La biographie qui en a fourni 31, en y comprenant 4 dictionnaires généraux, ne peut s’honorer que des Mémoires de Mirabeau, rédigés sur des pièces conservées dans les archives de sa famille. — 12 ouvrages se rapportent à l’histoire de l’esprit humain. Nous en signalerons trois : l’Histoire de la philosophie, par le docteur Henri Ritter ; la continuation du grand travail des Bénédictins sur les écrivains de la France, conduite jusqu’à la moitié du xiiie siècle, par des membres de l’Académie des inscriptions ; et la France littéraire, de M. Quérard, le plus vaste et le plus utile des répertoires de bibliographie après celui du P. Lelong. C’est une œuvre de mérite et de dévouement, qui fait un égal honneur à l’auteur et aux éditeurs, MM. Didot, qu’aucun sacrifice n’effraie quand il s’agit d’une entreprise réclamée dans l’intérêt de la science.

Sur 290 ouvrages, les réimpressions figurent pour 50 environ. Il fau-