truisant complètement Florence, véritable capitale des Guelfes, qui ne cesserait de favoriser ce parti ; les comtes Guidi et Alberti, les Santafior et les Ubaldini, appuyèrent cette proposition. Chacun y applaudit, soit par ambition, soit par haine, soit par crainte. La motion allait passer lorsque Farinata des Uberti se leva.
Ce fut un discours sublime que celui que prononça ce Florentin pour Florence, ce fils plaidant en faveur de sa mère, ce victorieux demandant grace pour les vaincus, offrant de mourir pour que la patrie vécût, commentant comme Coriolan et finissant comme Camille[1].
La parole de Farinata l’emporta au conseil, comme son épée à la bataille. Florence fut sauvée, et les Gibelins y établirent le siége de leur gouvernement qui dura six ans.
Ce fut la cinquième année de cette réaction impériale que naquit à Florence un enfant qui reçut de ses parens le nom d’Alighieri, et du ciel celui de Dante.
C’était le rejeton d’une noble famille, dont lui-même prendra soin de nous tracer la généalogie[2]. La racine de cet arbre, dont il fut le rameau d’or, était Caccia Guida Elisei, qui, ayant pris pour femme une jeune fille de Ferrare de la famille des Alighieri, ajouta à son nom et à ses armes le nom et les armes de son épouse, et mourut en terre sainte, chevalier dans la milice de l’empereur Conrad.
Jeune encore, il perdit son père. Élevé par sa mère, que l’on appelait Bella, son éducation fut celle d’un chrétien et d’un gentilhomme. Brunetto Latini lui apprit les lettres latines et grecques. Quant au nom de son maître en chevalerie, il s’est perdu, quoique la bataille de Campoldino ait prouvé qu’il en avait reçu de nobles leçons.