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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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31 janvier 1836.


Depuis quinze jours que M. Humann a jeté au milieu de la chambre des députés l’ardente question de la réduction des rentes, le ministère s’est senti fortement ébranlé et a eu peine à respirer un moment. On ne peut se dissimuler, et le ministère lui-même ne se dissimule pas que la retraite de M. Humann a laissé dans le cabinet un vide qui est loin d’être comblé par M. d’Argout. M. d’Argout a beau prendre au sérieux sa nomination improvisée au ministère des finances ; au château, à la chambre, dans les bureaux, on ne la prend pas ainsi. M. d’Argout ne peut rester au ministère des finances dans un moment de crise ministérielle, pas plus qu’il n’eût été possible de le laisser au poste de ministre de la marine, au moment d’une guerre maritime ; ceci sans attaquer en rien le mérite personnel de M. d’Argout.

Le ministère se sent donc incomplet ; mais il n’ose bouger et chercher à se compléter par l’adjonction de quelque capacité spéciale, de peur de s’écrouler et de tomber en poussière sous cet effort. Au moment de l’explosion de cette grosse question des rentes, soulevée d’une manière si inattendue, on s’est compté, on s’est examiné réciproquement, avec plus d’attention que jamais, dans le ministère, et le résultat de cet examen a fait branler les têtes les plus sages. M. de Broglie, qui s’est