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L’ESPAGNE DEPUIS FERDINAND VII.

céder, elles étaient résolues à persister jusqu’au bout, et à pousser, s’il le fallait, les choses aux dernières extrémités.

La Péninsule en était à ce feu croisé de manifestes et de contre-manifestes, lorsque M. Mendizabal arriva à Madrid. C’était dans les premiers jours de septembre. Le 14, M. de Toreno abdiqua dans ses mains la présidence du conseil. Son règne n’avait pas duré cent jours.


Nous nous arrêtons ; la tâche que nous nous étions proposée est remplie ; ce n’est ici, nous le répétons de peur qu’on ne nous demande plus que nous n’avions promis, qu’un simple travail d’exposition, et comme une introduction à l’histoire encore en germe du ministère actuel. Tout ce que nous avons voulu faire, ç’a été de poser quelques pierres de reconnaissance sur la route déjà bien longue, quoique si vite parcourue, qui sépare le ministère Calomarde du ministère Mendizabal ; guidé par elles, on arrivera plus facilement peut-être, au moins c’est notre espoir, à l’intelligence du présent. Quant à la question en elle-même, nous ne l’avons pas traitée, nous ne l’avons pas posée ; nous n’avons prétendu à la solution d’aucun problème ; à l’exemple des maçons, nous avons déblayé le sol avant de bâtir.

Et si nous avons donné quelque étendue à de simples prolégomènes, c’est qu’ils sont riches en leçons salutaires ; ce sont des prémisses qui renferment en elles leurs conséquences. Nous avons plus parlé des hommes que des évènemens, car les évènemens sont consommés, tandis que les hommes sont encore en scène ; plusieurs de ceux qui y ont déjà paru y reparaîtront sans doute encore ; la connaissance de leurs antécédens et de leur caractère fera mieux comprendre leurs actes dans les nouveaux rôles qui les attendent.

Avant de clore, résumons-nous ; nous le ferons avec brièveté. Nos conclusions portent un tel cachet d’évidence, que nous pourrions les réduire en aphorismes. Vico a dit que l’humanité procède par loi de succession, jamais par saccades. C’est ainsi qu’a procédé, depuis 1830, la révolution espagnole, et remarquons qu’en dépit des mauvais vouloirs et des obstacles, malgré l’impéritie des chefs et leurs fautes, elle n’a pas fait, depuis qu’elle est en route, un seul pas rétrograde ; elle a toujours été en avant ; elle s’est dépliée avec méthode ; nous avons vu se dérouler la trame ; nous avons vu les ministères s’engendrer l’un l’autre et s’enter l’un sur