la vieille couronne des empereurs d’Allemagne. Cependant quelle organisation intérieure et extérieure allait-on établir pour formuler une constitution générale de la Germanie ? Comment restituer à l’empereur François l’influence allemande que Napoléon lui avait enlevée ? L’Allemagne s’était levée en poussant ce double cri : Unité et liberté ! L’unité, comment l’établir avec des souverainetés si diverses, si variées en forces et en hommes, conservant encore le principe féodal au milieu de l’Europe civilisée ? La liberté, c’était un mot vague ; comment l’appliquer à tant de systèmes de gouvernement différens, à tant de localités si distinctes dans leurs intérêts ? Le système de la confédération du Rhin avait été établi dans la pensée unique d’agrandir toutes les petites souverainetés allemandes, et de les faire entrer dans un système hostile à l’Autriche et à la Prusse. Alors, au contraire, c’étaient l’Autriche et la Prusse, grandes puissances prépondérantes, qui devaient absorber toute l’influence, et régner, par un protectorat plus ou moins direct, sur l’ensemble de la confédération, la Prusse au nord, et l’Autriche au midi. Il fallait, lorsque la patrie allemande serait menacée, que toutes les populations pussent être appelées sous les armes et servir communément avec la Prusse et l’Autriche. L’unité allemande était donc ici établie comme barrière contre la Russie et la France, et s’opposant également aux invasions de l’une et de l’autre. M. de Metternich avait renoncé au vieux manteau de pourpre pour son empereur ; il lui fit assurer l’autorité plus réelle de la présidence de la diète ; on donna à la Prusse et à l’Autriche un nombre de voix en rapport avec leur importance. Ces deux puissances restèrent maîtresses des délibérations de la diète et des mouvemens militaires. Sans doute il y eut bien quelques injustices commises, quelques bizarreries dans la répartition des états et des contingens ; on vit des souverainetés agrandies parce qu’elles étaient protégées par l’empereur Alexandre, et quelquefois même par M. de Metternich. Mais quelles sont les opérations humaines où l’égalité la plus parfaite préside ? Et si l’on demande maintenant quel doit être le résultat de cette confédération, nous répondrons qu’il est à craindre pour l’Autriche que la Prusse ne prenne successivement et de plus en plus une importance allemande. La Prusse est trop singulièrement construite pour qu’elle ne cherche pas à s’étendre et à s’agglomérer. Elle le fera, ou matériellement par la conquête, ou moralement ; et c’est avec grande raison que M. de Metternich porte toute sa sollicitude vers le midi de l’Europe : c’est là que l’Autriche doit trouver une indemnité pour la perte de son influence dans l’Allemagne centrale.
Les événemens de 1814 et de 1815 avaient considérablement agrandi