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DIPLOMATES EUROPÉENS.

nich, et, en vertu du principe de l’alliance, proposa une sorte de ligue offensive et défensive dans la guerre que Napoléon se proposait de faire contre la Russie. Comme force active, l’empereur des Français ne sollicitait qu’un corps d’auxiliaires détachés, de trente mille Autrichiens, lesquels devaient agir sur l’extrémité orientale de la Gallicie, au moment où l’armée française se porterait sur la Vistule. Ce traité stipulait l’intégralité des possessions austro-polonaises, l’éventualité d’une cession de l’Illyrie, et certains avantages territoriaux au profit de l’Autriche, en cas de succès contre la Russie. M. de Metternich voyait ainsi se réaliser les avantages de l’alliance française. Il ne s’engageait point complètement dans la guerre ; il prenait seulement une position politique et militaire.

La campagne de 1812 commença. Le corps autrichien de trente mille auxiliaires fut porté sur la Vistule. Il n’eut pas l’occasion de prendre une part active dans la campagne ; toutefois il contint l’armée russe sur les derrières de Napoléon. M. de Metternich suivait avec une grande anxiété les mouvemens d’invasion en Russie. La désastreuse retraite des Français commença, et le corps du prince de Schwartzenberg se vit placé de manière à se trouver immédiatement engagé avec les Russes qui débordaient sur la Pologne.

Ici s’ouvre une nouvelle série de négociations. La retraite de Russie avait été si malheureuse, qu’elle n’avait point laissé aux Français de forces suffisantes, non-seulement pour tenir la ligne de la Vistule, mais même celle de l’Oder. Si la Prusse et l’Autriche avaient maintenu religieusement leur alliance avec Napoléon, elles devaient entrer immédiatement en ligne, et opposer leurs forces aux Russes qui débordaient déjà de tous côtés. La situation des deux auxiliaires était difficile, car la nation allemande se déclarait avec une telle unanimité contre les Français, qu’il eût été impossible aux cabinets de Berlin et de Vienne de résister, sans se mettre en opposition complète avec les peuples qu’ils gouvernaient ; d’ailleurs, profondément humiliés par Napoléon, n’était-il pas naturel qu’ils cherchassent dans les circonstances à reconquérir leur influence ? La Prusse, la première engagée en ligne, n’hésita point à défectionner sur les clauses de l’alliance ; elle passa immédiatement sous les drapeaux de la Russie. Cet exemple était contagieux. M. de Metternich ne le suivit point ; seulement une trêve de fait s’établit entre les armées russes et autrichiennes. En même temps, M. de Metternich se présenta aux yeux de la France comme le médiateur pacifique qui devait préparer la paix sur des bases en rapport avec l’équilibre européen. Dans ses conférences avec le comte Otto,