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REVUE. — CHRONIQUE.

et Gautier, par l’activité et le zèle de ses démarches en faveur de M. Dosne.

On a lu avec avidité le rapport de M. Portalis sur l’attentat de Fieschi ; c’est un gros livre qui a tout l’intérêt et la variété du roman. En lisant cette vie de Fieschi, on croirait entendre le récit des aventures de Gil Blas ou de Guzman d’Alfarache, et la morale en est frappante. Mais ce livre est aussi une cruelle satire de la société où une intelligence active est si rapidement entraînée vers le crime. Le rapport de M. Portalis tend évidemment à rendre toute une opinion complice de ce crime abominable. Aussi ce rapport, tiré à un nombre immense d’exemplaires, sera répandu dans tous les départemens. M. d’Argenson a déjà protesté contre ce mémoire, où il est accusé d’avoir accueilli chez lui la femme que fréquentait Fieschi. M. d’Argenson lui avait fait l’aumône. Le prince Ch. de Rohan protestera sans doute aussi contre les accusations portées contre lui ; et M. Carrel, rédacteur en chef du National, a publié une longue lettre où il prouve qu’un passage du National cité dans le rapport, n’a jamais existé. Pour nous, nous nous bornerons à faire remarquer une inexactitude de détail. Il est dit, dans le rapport, qu’un panier de vin, envoyé à Sainte-Pélagie par Pépin, était destiné à M. Cavaignac. M. Cavaignac n’a jamais bu que de l’eau. Au reste, messieurs les pairs s’amusent beaucoup de Fieschi. M. Pasquier aime à le visiter, et dernièrement il a passé une heure à le voir commander l’exercice à ses gardiens. Les bons mots de Fieschi circulent dans son salon. Il est vrai que ceux de Lacenaire les font oublier maintenant. Lacenaire fait beaucoup de tort à Fieschi.


Lettres autographes de Mme Roland, adressées à Bancal des Issarts, membre de la convention, et précédées d’une introduction, par M. Sainte-Beuve[1].

Ce n’est pas sans quelques préventions que nous avons ouvert ce livre tout confidentiel et publié à l’insu de l’auteur, cette exhumation posthume, à laquelle ne pouvait s’attendre la femme célèbre dont le nom réveille en foule tant de souvenirs glorieux et mélancoliques. Nous redoutions cette divulgation inattendue de l’ame la plus fougueuse, la plus confiante, la plus imprudente peut-être, qu’ait fait vibrer le tocsin révolutionnaire. Ces lettres autographes nous montrent Mme Roland du 22 juin 1790 au 11 septembre 1792, c’est-à-dire

  1. Un volume in-8o, chez Renduel, rue des Grands Augustins, 22.