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telauze, le jésuite, etc. » — Si c’est là une discussion modérée des principes, elle ressemble, à s’y méprendre, à celle de Cromwell, à la porte de la chambre des communes, quand, avant de mettre la clé dans sa poche, il faisait passer devant lui tous les membres du parlement, en les apostrophant, celui-ci du nom d’ivrogne, celui-là de l’épithète de débauché, en nommant les autres des imbéciles ou des fieffés coquins. Ce n’est pas ainsi que M. Guizot, qui était également journaliste à cette époque, entendait l’imitation de l’école anglaise.

J’aime bien mieux M. Thiers quand il s’en prend des maux de la patrie, non pas à un homme, mais au parti tout entier. Que M. Thiers est éloquent alors ! Oh ! que c’est bien l’enfant du peuple qui défend sa vieille mère, la révolution, contre les dédains des nobles et des parvenus ! On dirait, passez-moi la comparaison, monsieur, un de ces jeunes et pétulans compagnons des faubourgs de Paris, tant sa parole devient vulgairement spirituelle, tant il y a de mutinerie, de joyeuses et mordantes saillies dans ses imprécations. Adieu l’historien, adieu l’homme d’état ! Il ne reste plus que le pauvre et insouciant prolétaire, qui nargue de son indépendance tous ces grands seigneurs, tous ces gentilshommes sans priviléges, toute cette arrogance aristocratique mise par la révolution au niveau de son humilité. Il n’est pas jusqu’aux fautes de langue, qu’on trouve çà et là dans ces apostrophes révolutionnaires, qui n’ajoutent à leur effet. — « Nous sommes des jacobins, s’écrie M. Thiers, et nous ne voudrions pas être autre chose ; nous sommes des gens du peuple et des jacobins avec Mirabeau, avec Barnave, avec Vergniaud, Sieyes, Hoche, Desaix et Napoléon ; c’est aussi de notre côté que se trouvent les jacobins qui moururent comme Bailly, et qui souffrirent tous leur captivité comme souffrit à Olmutz le patriote Lafayette. — Les jacobins et le parti révolutionnaire sont pour vous tous les hommes qui, depuis 1789 jusqu’à 1830, ont émis un aveu de liberté : eh bien ! nous sommes glorieux d’être du parti de cette révolution. Nous lui devons tout ce que nous sommes, et non seulement nous qui la soutenons, mais nos adversaires qui la diffament et la calomnient. — Il y a aujourd’hui lâcheté et ingratitude à abandonner la cause de la révolution, ajoute M. Thiers ; la maison régnante lui doit son indé-