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HOMMES D’ÉTAT DE LA FRANCE.

pugnances mesquines, elle renonçait à prendre sa part d’une des plus honorables et des plus glorieuses expéditions militaires de la France.

M. Thiers a dit aussi quelque part qu’il ne s’attaquait jamais aux personnes, mais toujours et uniquement aux choses. Le 4 février 1830, M. Thiers écrivait : « On a beau soutenir qu’un ministère ne répond pas des discours des oisifs. Les hommes se réfléchissent toujours dans les discours qu’ils excitent. Or, d’après tout ce qu’on dit sur le ministère depuis six mois, il est certain qu’il y a dans son sein des casse-cou et des passions. Il a été fait le 8 août, et le 8 août on était au désespoir des concessions faites. C’est le chapeau enfoncé sur la tête et la main dessus, que le ministère a été donné. Or, il a fallu y mettre des gens à coup de mains, des compagnons de George, des bilieux, des hommes à passer deux ou trois fois d’un camp dans un autre, etc. »

Ce qu’on va lire s’adresse plus haut : « Il serait commode peut-être que cette masse infatigable, agissante, innombrable, qui se compose de laboureurs, d’ouvriers, de soldats, de marchands, d’écrivains, d’artistes, et qu’on appelle le peuple, payât sans se plaindre ni demander compte ; mais elle ne le veut pas, et elle est capable, si on l’irrite sur ce point, de forcer à voyager pendant vingt-cinq ans quiconque lui parlerait de servitude. Elle pourra, si cela convient à son repos, improviser une royauté et une aristocratie qui feront illusion à l’Europe, etc. » (18 février.)

Ailleurs, M. Dudon est désigné sous le nom d’homme taré ; M. Thiers l’accuse en termes fort clairs et ne lui ménage pas les soupçons, sans doute en vertu de l’axiome : « Les hommes se réfléchissent toujours dans les discours qu’ils excitent. » La presse actuelle n’a jamais été plus loin. M. Thiers le sait bien. Je vous demanderai aussi, monsieur, si le Corsaire ou la Tribune ont jamais écrit des paroles plus dures que celles-ci, tracées dans le National, de la main de M. Thiers : « Que le ministère raisonne, qu’il prie, qu’il menace, on n’en tiendra compte. Il aura beau imiter une voix auguste et dire : Je suis le roi ! écoutez-moi ; on lui répondra : Non, vous n’êtes pas le roi ; vous êtes M. de Polignac, l’entêté, l’incapable ; vous êtes M. de Peyronnet, le déplorable ; M. de Bourmont, le déserteur ; M. de Montbel, l’humble dupe ; M. de Chan-