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travailla à améliorer la législation, et de 1816 à 1820, la Sicile a obtenu un code plus régulier.

Les lois ne manquent donc pas ; il s’agirait simplement de les bien appliquer et de n’en pas éluder l’exécution.

La justice forme en Sicile une administration à part, ce pays possédant, comme Naples, une cour de cassation. Le parlement de 1812 a aboli les anciens tribunaux, et depuis 1819 leur hiérarchie est exactement copiée sur celle de France.

La cour suprême de justice réside à Palerme.

Trois grandes cours civiles, faisant en même temps les fonctions de cours criminelles, sont établies à Palerme, Messine et Catane. Il y a en outre à Syracuse, Girgenti, Trapani et Caltanisetta, des cours criminelles, composées chacune d’un président, de six juges et d’un procureur général du roi.

Après ces cours de premier ordre viennent les sept tribunaux civils établis dans les sept chefs-lieux de vals ; puis les juges de districts, divisés en trois classes, et échelonnés d’après la population des districts et des villes.

Chaque commune a son conciliateur (juge de paix).

Avec une hiérarchie judiciaire aussi bien entendue, on pourrait croire que sous ce rapport, au moins, la Sicile devrait être sagement administrée ; mais la justice n’y est rien moins qu’impartiale, et l’on m’a cité plusieurs traits fort remarquables de la scandaleuse vénalité des magistrats ; les arrêts se rendent très souvent en faveur du plus offrant ; les avocats, parmi lesquels il en est d’habiles, se font un jeu de continuer les procès tant que les parties sont en état de payer ; et la nation, privée de ses droits politiques, l’est même encore de la simple garantie de propriété et d’existence que les lois semblent lui assurer. Naturellement aussi la législation n’exerce point sur les mœurs du peuple l’influence salutaire qu’elle acquiert toujours lorsqu’elle est adaptée au degré de civilisation et qu’elle est bien observée ; le pays reste sans éducation, l’énergie du Sicilien sans développement ; sa demi-civilisation et la superstition qui le domine rendent les crimes fréquens, et fort souvent la morale n’est point vengée.

Les Siciliens passent pour avoir l’esprit excessivement processif. Pour paraître en justice, on commence souvent par payer tout le