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LETTRES SUR LA SICILE.

au tiers-état une part constitutionnelle dans le gouvernement il n’en a plus été question, bien que jamais elles n’aient été abolies expressément et textuellement.

La volonté seule du souverain fait les lois ; la consulte de Sicile, corps composé de dix-huit membres résidant à Naples, et institué après le congrès de Laybach, pour donner son avis sur les mesures législatives ou administratives qui lui sont soumises, n’a encore exercé aucune influence heureuse sur le sort du pays.

Aujourd’hui, l’un des frères du roi de Naples, portant le titre de lieutenant-général, gouverne la Sicile. Ce prince est assisté d’un conseil de gouvernement, composé d’un ministre secrétaire d’état, de quatre directeurs, chargés chacun d’un département ministériel et placés sous les ordres du ministre ; et enfin, d’un autre ministre sans portefeuille. Les affaires sont traitées dans ce conseil. La voix du lieutenant-général l’emporte en cas de partage égal.

Cependant le roi conserve la plénitude de son pouvoir en Sicile comme à Naples, et sa sanction est nécessaire dans le premier de ces deux royaumes, ainsi que dans le second, sauf dans les matières de peu d’intérêt, pour lesquelles l’intervention du lieutenant-général a été jugée suffisante. Quant aux affaires du ressort purement ministériel, celles d’une certaine importance doivent être soumises à un ministre pour les affaires de Sicile, faisant partie du ministère napolitain. Les autres sont aux mains d’un ministre résidant à Palerme, et sous les ordres duquel sont les quatre directeurs.

Ainsi, les matières auxquelles la sanction ou l’approbation royale, est nécessaire passent par la filière d’un directeur et d’un ministre à Palerme, puis d’un ministre à Naples, pour arriver enfin au souverain. Les autres montent plus ou moins les degrés de cette échelle, suivant leur importance.

Un pays de régime absolu peut être heureux, et souvent même il l’est plus qu’un autre, quand il est paternellement gouverné. La Sicile ne connaît point ce genre de bonheur. Le gouvernement qui pèse sur elle est plus mauvais encore en pratique qu’en théorie. Il cumule à peu près tous les défauts que peut réunir une institution politique, et s’attache aux anciens abus comme à ses alliés naturels. Il a réussi à rendre aux Siciliens leurs rapports avec le continent