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situation actuelle du royaume, les griefs et les espérances de ses habitans.

Lorsqu’en 1807, les armes victorieuses des Français eurent expulsé de l’Italie la famille royale de Naples, elle se réfugia en Sicile. Cette île reçut ses maîtres avec enthousiasme, espérant que la présence du souverain guérirait d’anciennes plaies, et qu’à l’avenir, au lieu d’être traitée presque en colonie, ses droits comme métropole seraient respectés. Cependant le royaume ne gagna rien à ce changement. Le gouvernement essaya bientôt d’y établir le pouvoir absolu dont il avait joui à Naples ; il leva des impôts et se saisit des propriétés communales de diverses villes sans l’assentiment du parlement. Des contestations violentes s’élevèrent entre le monarque et ses sujets ; alors le prince de Belmonte, le plus populaire des nobles siciliens, s’adressa à l’ambassadeur anglais, lord Amherst, pour savoir si l’Angleterre, dont alors les troupes occupaient le royaume, soutiendrait les Siciliens lorsqu’ils viendraient à demander au roi le redressement des abus, et des garanties pour l’avenir. Sa proposition fut accueillie froidement, mais lord William Bentinck, successeur de lord Amherst, entra dans les vues de Belmonte, et chercha à les faire adopter par la cour. Lord William Bentinck échoua auprès du roi, et surtout auprès de la reine Caroline, dont le caractère altier eût préféré même un arrangement avec les Français, ses mortels ennemis, à des concessions faites à ses sujets. Cependant, après une inutile résistance, la reine consentit à se retirer, et le roi, abdiquant temporairement, nomma son fils vicaire-général du royaume. On adopta alors une nouvelle constitution connue sous le nom de constitution de 1812, imitée en grande partie de celle de l’Angleterre, qui créait un parlement, et composée de deux chambres unies contre les empiétemens de la puissance royale[1].

  1. Les principales dispositions de la constitution étaient les suivantes :

    i. La religion catholique, apostolique et romaine est exclusivement celle de l’état : le roi est tenu de la professer sous peine de déchéance.

    ii. Le pouvoir législatif réside dans le parlement, les lois doivent être revêtues de la sanction du souverain. Toutes les impositions seront consenties par le parlement et approuvées par le roi, qui accepte ou refuse par les simples formules veto ou placet.