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REVUE DES DEUX MONDES.

CLAVAROCHE, ouvrant l’écrin qui est sur la table.

Voyons un peu. Sont-ce des anneaux ? Et dites-moi, qu’en voulez-vous faire ? Est-ce que vous faites un cadeau ?

JACQUELINE.

Vous savez bien que c’est notre fable.

CLAVAROCHE.

Mais, en conscience, c’est de l’or. Si vous comptez tous les matins user du même stratagème, notre jeu finira bientôt par ne pas valoir… À propos ! que ce dîner m’a amusé, et quelle curieuse figure a notre jeune initié !

FORTUNIO, caché.

Initié ! à quel mystère ? Est-ce de moi qu’il veut parler ?

CLAVAROCHE.

La chaîne est belle ; c’est un bijou de prix. Vous avez eu là une singulière idée.

FORTUNIO, caché.

Ah ! il paraît qu’il est aussi dans la confidence de Jacqueline.

CLAVAROCHE.

Comme il tremblait, le pauvre garçon, lorsqu’il a soulevé son verre ! Qu’il m’a réjoui avec ses coussins, et qu’il faisait plaisir à voir !

FORTUNIO, de même.

Assurément, c’est de moi qu’il parle, et il s’agit du dîner de tantôt.

CLAVAROCHE.

Vous rendrez cela, je suppose, au bijoutier qui l’a fourni.

FORTUNIO, de même.

Rendre la chaîne ! et pourquoi donc ?

CLAVAROCHE.

Sa chanson surtout m’a ravi, et maître André l’a bien remarqué ; il en avait, Dieu me pardonne, la larme à l’œil pour tout de bon.

FORTUNIO, de même.

Je n’ose croire ni comprendre encore. Est-ce un rêve ? Suis-je éveillé ? Qu’est-ce donc que ce Clavaroche ?

CLAVAROCHE.

Du reste, il devient inutile de pousser les choses plus loin. À quoi bon un tiers incommode, si les soupçons ne reviennent plus ? Ces maris ne manquent jamais d’adorer les amoureux de leurs femmes. Voyez ce qui est arrivé ! Du moment qu’on se fie à vous, il faut souffler sur le chandelier.