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REVUE DES DEUX MONDES.

CLAVAROCHE.

C’est trop d’honneur que vous me faites.

MAÎTRE ANDRÉ.

Je vous présente un nouvel hôte ; c’est un de mes clercs, capitaine. Hé ! hé ! cedant arma togæ. Ce n’est pas pour vous faire injure ; le petit drôle a de l’esprit ; il vient faire la cour à ma femme.

CLAVAROCHE.

Monsieur, peut-on vous demander votre nom ? Je suis ravi de faire votre connaissance. (Fortunio salue.)

MAÎTRE ANDRÉ.

Fortunio. C’est un nom heureux. À vous dire vrai, voilà tantôt un an qu’il travaillait à mon étude, et je ne m’étais pas aperçu de tout le mérite qu’il a. Je crois même que, sans Jacqueline, je n’y aurais jamais songé. Son écriture n’est pas très nette, et il me fait des accolades qui ne sont pas exemptes de reproche ; mais ma femme a besoin de lui pour quelques petites affaires, et elle se loue fort de son zèle. C’est leur secret ; nous autres maris, nous ne mettons point le nez là. Un hôte aimable, dans une petite ville, n’est pas une chose de peu de prix ; aussi Dieu veuille qu’il s’y plaise ! nous le recevrons de notre mieux.

FORTUNIO.

Je ferai tout pour m’en rendre digne.

MAÎTRE ANDRÉ, à Clavaroche.

Mon travail, comme vous le savez, me retient chez moi la semaine. Je ne suis pas fâché que Jacqueline s’amuse sans moi comme elle l’entend. Il lui fallait quelquefois un bras pour se promener par la ville ; le médecin veut qu’elle marche, et le grand air lui fait du bien. Ce garçon-là sait les nouvelles, il lit fort bien à haute voix ; il est, d’ailleurs, de bonne famille, et ses parens l’ont bien élevé ; c’est un cavalier pour ma femme, et je vous demande votre amitié pour lui.

CLAVAROCHE.

Mon amitié, digne maître André, est tout entière à son service ; c’est une chose qui vous est acquise, et dont vous pouvez disposer.

FORTUNIO.

Monsieur le capitaine est bien honnête, et je ne sais comment le remercier.

CLAVAROCHE.

Touchez là ! l’honneur est pour moi, si vous me comptez pour un ami.