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LE CHANDELIER.

CLAVAROCHE.

Eh ! mais, c’est que c’est lui qui porte la…

JACQUELINE.

C’est bon, c’est bon, je vous comprends.

CLAVAROCHE.

Voyez, ma chère ; parmi vos amis, n’auriez-vous point quelque bonne ame, capable de remplir ce rôle important, qui, de bonne foi, n’est pas sans douceur ? Cherchez, voyez, pensez à cela. (Il regarde à sa montre.) Sept heures ! il faut que je vous quitte. Je suis de semaine d’aujourd’hui.

JACQUELINE.

Mais, Clavaroche, en vérité, je ne connais ici personne ; et puis c’est une tromperie dont je n’aurais pas le courage. Quoi ! encourager un jeune homme, l’attirer à soi, le laisser espérer, le rendre peut-être amoureux tout de bon, et se jouer de ce qu’il peut souffrir ? C’est une rouerie que vous me proposez.

CLAVAROCHE.

Aimez-vous mieux que je vous perde ? et dans l’embarras où nous sommes, ne voyez-vous pas qu’à tout prix il faut détourner les soupçons ?

JACQUELINE.

Pourquoi les faire tomber sur un autre ?

CLAVAROCHE.

Hé ! pour qu’ils tombent. Les soupçons, ma chère, les soupçons d’un mari jaloux ne sauraient planer dans l’espace ; ce ne sont pas des hirondelles. Il faut qu’ils se posent tôt ou tard, et le plus sûr est de leur faire un nid.

JACQUELINE.

Non, décidément, je ne puis. Ne faudrait-il pas pour cela me compromettre très réellement ?

CLAVAROCHE.

Plaisantez-vous ? Est-ce que, le jour des preuves, vous n’êtes pas toujours à même de démontrer votre innocence ? Un amoureux n’est pas un amant.

JACQUELINE.

Eh bien !… mais le temps presse. Qui voulez-vous ? Désignez-moi : quelqu’un.