Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 4.djvu/254

Cette page a été validée par deux contributeurs.
250
REVUE DES DEUX MONDES.

Faites quelque chose en faveur de M. de Peyronnet ; un jour, peut-être, Dieu vous le rendra !

Un fait politique assez curieux que M. Thiers nous a jeté en partant, pour qu’il fût au moins question de lui en son absence, c’est l’ordonnance qui annulle la délibération du conseil-général du département des Côtes-du-Nord. Le conseil-général d’un département n’est pas, on le sait, une réunion de séditieux et de prolétaires. Que de fois on a opposé à la presse et aux vœux des impatiens, les conseils-généraux et leurs délibérations ! Il y a peu de temps encore, que de démarches les ministres et leurs agens ne faisaient-ils pas près des conseils-généraux pour en obtenir l’approbation des lois nouvelles, pour leur arracher des adresses et des manifestations politiques ! Mais voici qu’un conseil-général s’avise de penser et de dire que « le moyen d’assurer la prospérité et la tranquillité du pays eût été de maintenir intacte et pure la charte de 1830 (je cite textuellement), pacte d’alliance de la France et de la dynastie ; d’avoir confiance dans la garde nationale et le jury, et de remplacer le système d’intimidation par celui de la clémence ; d’adopter franchement la révolution de juillet dans ses conséquences, ses principes et ses hommes ; de soulager les classes pauvres et l’agriculture par la réduction des droits sur les matières de première nécessité, telles que le fer et le sel. » Vous sentez bien qu’on n’a pas manqué de lois pour prouver à ce malencontreux conseil-général qu’il n’a pas le droit de s’immiscer dans ces questions, quoiqu’une délibération qui conclut en demandant une diminution de la gabelle, touche bien réellement aux intérêts locaux de la Bretagne. Mais, en France, grâce à nos trente révolutions, il y a des lois qui prouvent pour tout le monde, et des lois qui prouvent contre tout le monde, et comme c’est le ministère qui explique ces lois, on a trouvé dans celle du 22 juin 1833, et dans une vieille loi de pluviôse an viii, que les Bretons n’ont pas le droit de demander, par l’organe de leurs conseils-généraux, la diminution de l’impôt du fer et du sel. La délibération a donc été mise au néant. Eût-elle été traitée de la sorte si le conseil-général avait trouvé la dernière loi de la presse trop clémente, et la majorité du jury encore trop nombreuse ? c’est ce que nous ne nous permettrons pas de décider.

Il est bon de rappeler que dans ce département des Côtes-du-Nord, si mal famé maintenant aux yeux de M. Thiers, se trouve, près de la ville de Dinan, une vieille maison isolée qui a nom Lachesnaye, et que cette maison est habitée par un rêveur solitaire, qu’on nomme l’abbé de Lamennais.

Il pourrait bien sortir quelque chose de fort inattendu des réunions de