Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 4.djvu/249

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
Séparateur



14 octobre 1835.


Les journaux ont encore parlé de divisions dans le conseil ; mais on a pris pour des divisions réelles les élémens de discorde qui n’ont jamais cessé de s’y trouver, et qui éclateront plus tard certainement. On s’est adressé, il est vrai, quelques reproches sur les affaires d’Espagne. M. Thiers cherchait, avant son départ, à prouver à M. de Broglie et à M. Guizot qu’ils avaient mal envisagé cette question, et que le ministère Mendizabal allait nous causer des embarras infinis ; il est vrai qu’une autre discussion a eu lieu entre M. Guizot et M. Thiers, au sujet de la saisie des livres obscènes ou impies, qu’on a exécutée dernièrement ; mais toutefois les deux ministres se sont quittés dans une parfaite intelligence, et M. Thiers est parti pour la Belgique dans une profonde sécurité. M. Thiers aime à voyager, et ses collègues aiment à le voir en voyage.

M. Thiers a joui de toutes les façons possibles du bonheur que donne l’autorité ; il a parlé longuement dans les chambres, il a parlé longuement dans les conseils, il s’est fait écouter des généraux, il leur a enseigné la guerre et la stratégie ; il a donné des leçons de plastique, et il a révélé les secrets de l’art aux sculpteurs et aux peintres ; il a dominé dans les ateliers, dans les académies ; il a inscrit son nom sur la colonne de la place Vendôme, au faîte du temple de la Madelaine, sur