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ÉTUDES DE L’ANTIQUITÉ.

voyons ceux qui voudront se livrer à l’étude approfondie du texte de Pindare à l’excellente édition de Heine. Nous relèverons toutefois ici le nom trop inconnu d’un Français qui a déployé au sujet de notre poète une rare érudition : nous voulons parler de Jean Benoît, médecin à Saumur, et professeur de la langue grecque en l’académie de cette ville. Jean Benoît, en 1620, donna de Pindare une édition dont Heine a souvent profité ; il encadra le texte entre une paraphrase et une traduction latine, et l’accompagna de notes détaillées où, pour la solution des difficultés, les scoliastes, les poètes et les écrivains de l’antiquité sont abondamment cités en témoignage. Cette édition de Jean Benoît ne jouit pas de la gloire qu’elle mérite. Sans elle on ne saurait approfondir Pindare.

Les quatorze olympiques furent chantées en l’honneur de Hiéron, de Théron d’Agrigente, de Psaumis de Camarine, d’Agesias de Syracuse, de Diagore de Rhodes, du jeune Alcimédon, d’Épharmoste d’Opunte, du jeune Agésidame, d’Ergotèle de Gnosse, de Xénophon de Corinthe, d’Asopichus d’Orchomène. Quelquefois le poète célèbre deux ou trois fois le même vainqueur.

Hiéron a trois pythiques en son honneur ; Arcesilas, de Cyrène, deux ; Xénocrate d’Agrigente, Megaclès l’Athénien, Aristomène d’Égine, Télésicrate de Cyrène, Hippoclès de Thessalie, Trasydée le Thébain, Midas d’Agrigente, sont les héros des autres pythiques.

Dans les néméennes, le poète célèbre Chromius l’Etnéen, Timodène l’Athénien, Aristoclide d’Égine, Timasargue d’Égine, Pythias, Alcidamas, Sogène, Dinias, tous quatre également d’Égine, Thiée, fils d’Ulias, Aristagore, Prytane de Tenedos.

Les isthmiques ont pour héros Hérodote, le Thébain, Xénocrate d’Agrigente, Mélisse de Thèbes, Phylacidas d’Égine, Sterpsiade de Thèbes, Cléandre d’Égine.

Dans ces petits poèmes est convoquée toute la Grèce, dieux, législateurs, héros, villes illustres, exploits fameux, maximes de la sagesse, culte des immortels, traditions divines, fables, allégories, mythes religieux, superstitions nationales ; tout est entraîné dans le torrent lyrique. Le poète égare l’athlète qu’il célèbre dans l’histoire même de la patrie commune, et il s’attache à ne le retrouver qu’après mille détours et mille aventures dans