Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 4.djvu/166

Cette page a été validée par deux contributeurs.
162
REVUE DES DEUX MONDES.

natif trouvées en plusieurs lieux à la surface du sol, et les pierres nommées communément pierres de foudre, étaient, ainsi que l’avait déjà annoncé Chladny, le résultat de l’explosion des bolides, qu’elles étaient réellement tombées de l’atmosphère.

Il s’en fallait de beaucoup que la question des pluies de crapauds fût aussi avancée, lorsque le hasard la fit, il y a quelques mois, agiter au sein de l’Académie des sciences ; quoique les documens ne manquassent pas, personne encore n’avait pris soin de les réunir, n’avait songé à les discuter. À la vérité, Cardan et quelques autres esprits aventureux avaient touché ce point, mais c’était seulement en passant, ce trait ne leur offrant rien de plus étrange que presque tous ceux dont se composait alors l’histoire des batraciens. Cardan toutefois, comme nous le verrons bientôt, se faisait une assez juste idée de la cause du phénomène. S’il eut le tort de ne pas commencer par bien constater le fait avant d’en proposer l’explication, ce tort était celui de presque tous les savans du même siècle. La fameuse discussion à l’occasion de la dent d’or s’éleva vingt ans après sa mort, et la découverte de la mystification dont tant d’habiles gens avaient été dupes ne corrigea personne Il fallut que Galilée, et non Bacon, comme on le répète sans cesse, vînt opérer cette grande conversion en prêchant à la fois d’exemple et de précepte.

Plusieurs des données à l’aide desquelles on est parvenu à établir la réalité du phénomène dans le cas des aérolithes manquent tout-à-fait dans l’autre cas. Dans le premier, on aura pu, à dix lieues du théâtre de l’évènement, apercevoir la lumière qui précède l’explosion, entendre le bruit qui l’accompagne ; dans l’autre, il faudra être sur le lieu même, et les personnes situées à quelques toises seulement du champ qui reçoit cette pluie d’êtres vivans, n’en seront averties par aucun signe. — Une pierre en tombant fait son trou dans la terre ; un petit crapaud long de quelques lignes ne laisse sur la poussière qu’une empreinte à peine sensible, et que le premier souffle de vent va effacer. — La pierre reste au lieu où elle est tombée ; le crapaud n’a rien de plus pressé que de s’enfuir. — En quelque lieu qu’on la rencontre, la pierre tombée du ciel a des caractères qui la séparent des pierres d’origine terrestre ; le crapaud, une fois arrivé au terme de son voyage aérien, n’offre aucun signe auquel on puisse le distinguer de ceux qui n’ont jamais quitté le marais. Bref, on en est réduit à de simples témoignages, mais on sent qu’il serait tout aussi peu philosophique de rejeter ce genre de preuves pour un cas qui n’en admet pas d’autres que de s’en contenter toutes les fois que le fait, pouvant être reproduit à volonté, offre un moyen plus direct et plus sûr de vérification.

Avant d’examiner en détail les témoignages relatifs aux pluies de cra-