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SCIENCES NATURELLES.

toute lente qu’elle puisse paraître, a fait faire d’immenses pas aux connaissances humaines.

À tout prendre, il vaut mieux qu’il y ait retard que précipitation dans l’admission d’une vérité quelconque ; c’est ce dont chacun pourra se convaincre en y réfléchissant un peu.

Aujourd’hui, en effet, il n’y a pas une seule branche des sciences naturelles dans laquelle le nombre des faits admis ne soit si grand, qu’il est presque impossible à un seul homme de les vérifier tous par lui-même. Il faut donc, pour qu’il puisse s’avancer sans crainte à la recherche des vérités nouvelles, qu’il sache bien qu’aucune de celles qu’il laisse derrière lui n’a été reçue sans un scrupuleux examen.

Depuis le rapport de M. Biot sur les pierres tombées en 1803 dans les environs de Laigle, la réalité du phénomène a cessé, du moins en France, d’être un objet de discussion. La sagacité, la sagesse avec laquelle toute cette enquête fut conduite, la lucidité de l’exposition, l’enchaînement parfait des preuves ne pouvaient manquer de porter la conviction, même dans les esprits les plus prévenus ; cependant on peut remarquer, sans que cela diminue en rien le mérite de l’auteur du rapport, que les voies étaient déjà plus qu’à demi préparées pour la réception de cette vérité. On avait eu d’abord, non-seulement les détails donnés par l’abbé Bachelay sur une pierre tombée en 1768, et relevée encore toute chaude, mais surtout l’examen chimique qui en avait été fait par plusieurs membres de l’Académie sous la direction de Lavoisier, examen qui conduisit à ce résultat important, que, sous le rapport de la composition, cette pierre offrait la plus grande analogie avec une autre qu’on disait être également tombée du ciel aux environs de Coutances.

Bientôt on eut le récit très détaillé et parfaitement authentique d’une pluie de pierres survenue en 1790 à Barbotan. En 1794, Southey fit connaître la relation juridique d’un événement semblable survenu en Portugal ; et la même année, pareille chose étant arrivée au mois de juillet dans les environs de Sienne, Hamilton, comte de Bristol, en fit le sujet d’une lettre à la Société royale de Londres. D’autres détails également circonstanciés furent donnés par M. J. Lloyd Williams sur l’explosion d’un météore observée à Bénarès, et sur la chute de pierres qui l’avait accompagnée. Puis on eut les observations de Chladny sur les masses de fer natif trouvées en Sibérie, sur l’explosion des bolides et sur les corps durs tombés de l’atmosphère. Enfin, tous ces documens furent repris et discutés en Angleterre par M. Howard, et quoique ce savant n’exprimât qu’avec le ton du doute les déductions auxquelles il se trouvait conduit, on put dès ce moment regarder comme infiniment probable que les masses de fer