Dieu, donnez-moi le courage de pardonner à tous mes ennemis.
Adieu donc au monde ! adieu à vous qui m’avez vu vivre couronnée et heureuse ! Je meurs votre princesse et votre reine, car c’est sans raison que l’on me traite ainsi. Au jour du jugement dernier, je me présenterai devant Jésus-Christ avec une tête dans ma main, et il la fera voir à ceux qui m’ont condamnée, et il les maudira. Adieu, jeunes filles, que je vois là-bas ; adieu, heureuses jeunes filles ; dans votre joie de vivre, n’oubliez pas Triffine que les vers mangeront dans sa fosse. Adieu, beaux enfans, qui venez me voir mourir, hélas ! vous ne savez point ce que c’est, vous qui ne faites que de naître. Adieu à tous ceux qui sont ici. — Il en est un surtout à qui je dis trois fois adieu. Je l’attendrai dans le ciel.
Je suis si triste, en entendant cette femme, que je n’aurai jamais le courage de la frapper. Certes elle est innocente.
Ne dis pas cela, ou tu seras puni. Tu parles de ce que tu ne connais pas. On nous a ordonné de la tuer, il faut le faire.
Coupe-lui la tête, si tu le veux ; pour moi, je ne le ferai pas. Quand je regarde son visage, mes membres deviennent sans force.
Te voilà devenu singulièrement tendre ! J’ai vu un temps où tu n’étais pas si sensible, quand tu éventrais les femmes enceintes, et que tu mettais leurs enfans au bout de ta pique.
Quelle différence !… C’était en pays étranger.
Au nom de Dieu, mes gens, exécutez l’injuste sentence, car je n’attends plus rien que la fin de ma vie.
Nous faisons aussi trop de façons avec elle. Puisque la main te tremble, à moi…
Attends. Écoute : quelle est cette trompette ? Regarde, voilà des cavaliers qui galopent vers nous ventre à terre.