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REVUE DES DEUX MONDES.

— Le Théâtre Italien ouvrira le 1er  octobre. On annonce deux cantatrices nouvelles, deux opéras nouveaux, et la Norma, de Bellini, qui a déjà reçu les applaudissemens de l’Italie et de l’Angleterre. Tout nous promet une saison des plus brillantes ; Mlle  Grisi, Rubini, Tamburini et Lablache nous reviennent, prêts à nous faire entendre le Matrimonio secreto, le Mosè, la Donna del Lago, la Prova, etc. On ne saurait donner trop d’éloges à l’habile direction de MM. Robert et Severini.

— L’Opéra s’occupe avec ardeur de la mise en scène de la nouvelle partition de Meyerbeer, que l’orchestre et les premiers sujets applaudissent chaque jour avec enthousiasme aux répétitions. Les chœurs de l’Opéra, déjà si beaux, viennent d’être augmentés de plus de trente sujets, parmi lesquels on compte des voix remarquables, appelées tout exprès de Vienne et de Berlin. On s’apprête aussi à représenter à l’Académie royale de Musique le magnifique deuxième acte de Fidelio, où les chœurs jouent un si grand rôle. Ainsi, M. Duponchel, dont on connaissait le goût pour le luxe des costumes et des décors, débute par de louables tentatives musicales, et introduit Beethoven à l’Opéra. Nous sommes heureux de voir M. Duponchel dans cette voie ; ses efforts méritent d’être encouragés. Nous voyons encore un témoignage du goût de M. Duponchel pour une bonne exécution musicale dans la mise à la retraite de M.  et Mme Dabadie.

— Un nouveau roman de Fenimore Cooper, les Monikins, a paru chez le libraire Charpentier. C’est une fine critique de la société moderne. Cest principalement sur les institutions politiques, sur les coutumes de l’Angleterre, ainsi que sur les mœurs et les usages de son propre pays, que le célèbre romancier a jeté le sarcasme à pleines mains. M. Benjamin Laroche, auquel nous devons en ce moment une excellente traduction de Byron, a rendu avec bonheur le texte anglais ; nous recommandons spécialement sa traduction.

M. Ch. Calemard de Lafayette publie une nouvelle traduction avec le texte en regard de la Divine Comédie de Dante Alighieri. La tâche du traducteur chargé de naturaliser en français les beautés de l’original est un supplice que Dante avait oublié de placer dans son enfer. Déjà, en 1829, M. Antoni Deschamps avait essayé de traduire plusieurs fragmens du poète gibelin. M. Calemard de Lafayette n’a pas reculé devant la traduction complète de la Divine Comédie. S’il est quelquefois tombé dans l’obscurité et l’incorrection, néanmoins on ne saurait trop encourager de pareils essais ; la langue et l’auteur gagnent également à ces tentatives.


F. BULOZ.