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La vie simple et unie que des Réaux préféra à toute autre nous a privés des renseignemens que l’on voudrait rencontrer dans une notice biographique. Ainsi nous ignorons l’époque du mariage de Tallemant avec Mlle de Rambouillet. Cette union semble avoir été heureuse ; une fille paraît en être née. Tallemant parle en effet, dans le chapitre de Mme de Montausier, d’une petite des Réaux qui jouait avec Mlle de Montausier, depuis duchesse d’Uzès. C’était vraisemblablement sa fille ; mais il la perdit jeune, car sa fortune fut recueillie par des collatéraux.

Vers l’année 1650, Tallemant des Réaux acheta la terre seigneuriale du Plessis-Rideau, située dans le Val de Loire, en Touraine, sur les confins de l’Anjou, paroisse de Chouzé. Elle lui fut vendue par François de la Beraudière, marquis de l’Isle-Rouche, et par dame Françoise de Machecoul, sa femme. Cette terre avait été possédée pendant environ deux siècles par la famille Briconnet. Le prix fut de cent quinze mille livres, somme considérable en ce temps-là, et lorsque Tallemant en fut devenu propriétaire, il obtint des lettres patentes en vertu desquelles il lui fut permis de changer le nom du Plessis-Rideau en celui de des Réaux.

On voit par ces lettres que Tallemant portait ce surnom depuis son enfance. Nous attachions quelque prix à connaître cette pièce, et nous sommes parvenus à la trouver sur les registres du parlement, où elle a été enregistrée le 30 juillet 1653.

Le nom de des Réaux est celui d’une famille ancienne, originaire du Nivernais, établie en Brie et en Champagne, qu’il ne faut pas confondre avec celle de Tallemant des Réaux. C’est à cette ancienne famille qu’appartenait Gabriel des Réaux, lieutenant des gardes-du-corps, maître-d’hôtel du roi, mort en 1644, auquel fut confiée la garde du maréchal de Marillac. Il en est souvent question dans le récit du procès de ce maréchal, inséré dans le Journal du cardinal de Richelieu. Il y a aussi une famille très honorable de Taboureau des Réaux, qui n’a rien de commun avec la famille Tallemant, mais qui paraît avoir acquis la terre de des Réaux de Tallemant ou de ses héritiers.

La terre des Réaux fut pour Tallemant l’occasion d’un procès dans lequel il recourut au patronage du célèbre Patru. On lit dans les œuvres de ce dernier un factum pour Gédéon Tallemant, écuyer,