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DES PARTIS ET DES ÉCOLES POLITIQUES.

blicain, comme sous la restauration il n’y avait qu’une seule école de droite. Les classes moyennes qui ont brisé celle-ci, auront également raison de celui-là. Il semble que ce soit aujourd’hui prophétiser à coup sûr que d’annoncer sa dislocation, au moins temporaire. Quelle entreprise oserait en ce moment tenter ce parti, soit par la force, soit par les voies légales, lui, devenu un embarras pour le pouvoir après l’avoir fait trembler, et qu’il est plus difficile de garder sous les verroux que de vaincre ?

Toutefois, que le gouvernement ne s’abuse pas sur les motifs qui ont amené la dissolution d’un parti dont l’état-major s’enfuit par le soupirail d’une cave après avoir rêvé la conquête de la France et la domination du monde. Ce ne sont ni ses soldats, ni ses réquisitoires, qui ont fait reculer la république ; elle seule s’est suicidée en étalant ses dogmes au grand jour. Son plus redoutable ennemi a été la presse, non la presse subventionnée qu’on lit peu, mais la presse républicaine qu’on a lue davantage et qui a fait peur. C’est par la presse que la république a révélé au pays sa philosophie, laquelle a fait si violemment rétrograder sa politique. J’ajouterai que si le pouvoir n’avait reculé devant l’inconvénient de laisser discuter son principe, inconvénient qui me toucherait davantage si je connaissais un moyen de l’éviter, s’il avait cru pouvoir ouvrir l’enceinte de la pairie aux conseils officiels de la république, l’incohérence de leurs pensées, la boursouflure de leurs paroles, eussent infailliblement prolongé le bail du pays avec la monarchie.

En ce moment surtout, où de graves résolutions s’agitent, il est bon de répéter cette maxime, que l’erreur s’épuise plutôt qu’elle ne se laisse vaincre. Je ne sais s’il est donné aux pouvoirs de la terre d’empêcher l’introduction d’une idée fausse dans le monde ; mais ce que je ne peux ignorer, car cet enseignement est écrit à toutes les pages de l’histoire, c’est qu’un faux principe introduit dans les intelligences ne périt plus que par ses conséquences même. Bossuet et à plus forte raison la censure se fussent brisés contre le xviiie siècle ; pour le tuer, il fallait 93. Les procès de la presse n’avanceront pas d’un jour l’anéantissement des factions, et l’infernale machine du boulevard du Temple a rallié plus de convictions autour du trône, qu’une injuste polémique n’en avait séparé depuis cinq ans. La liberté, la licence même, ont été pour le pouvoir autant une force qu’un obstacle, et la pensée qui le dirige ne peut l’avoir oublié. Quand les gouvernemens ont trouvé quelque force, ils succombent presque toujours à la tentation d’en abuser contre ceux-là même dont les excès la leur assurent. Ils restent