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laquelle reculent les armées, est mobile, audacieuse, agressive. Les souvenirs des ancêtres ont perdu leur autorité, et la loi, œuvre d’un jour, doit rendre compte d’elle-même pour rencontrer obéissance. L’hérédité est moins un titre qu’un obstacle, et tout devient viager dans la fortune des familles et la destinée des empires. Le patriotisme, qui s’inspirait de traditions communes, s’efface sous l’influence d’idées générales et l’autorité de droits métaphysiques. La France donne le branle à ce grand mouvement, et l’Europe la suit haletante et essoufflée.

Qu’est-ce à dire ? faut-il conclure que les temps approchent et que la civilisation moderne touche à son heure suprême ? Vient-il des quatre vents du ciel des nuées de barbares pour enterrer le cadavre et partager ses dépouilles ?

Plusieurs esprits le pensent, et même de grands esprits. Quant à nous, nous croyons d’une foi forte et ferme, que c’est là une conséquence fausse tirée d’analogies inexactes et de faits mal observés.

En étudiant l’avenir des nations modernes, un grand fait se présente, qui, les séparant de toutes celles de l’antiquité, leur assure d’autres destinées. Ce fait constitutif, qui fut pour elles l’élément de tous progrès, qui suscite aujourd’hui, par le développement de ses doctrines d’égalité fraternelle et de dignité morale, le noble instinct de la liberté politique, ce fait, c’est le christianisme, lequel n’est pas une phase transitoire de l’esprit humain, mais sa forme vraiment plastique. Dans le christianisme seul gît aujourd’hui l’avenir des nations, que le rationalisme vouerait infailliblement à la barbarie s’il lui était donné d’étouffer le germe fécondant sous l’égoïsme de sa pompeuse parole et la vaniteuse inanité de sa pensée.

Si le rationalisme, de toutes les données philosophiques la plus fausse et la plus aride, ne succombait sous l’énergie d’une idée plus vitale, il ferait de nouveau recommencer à l’humanité la période qu’elle a si tristement parcourue. Les doctrines chrétiennes seules peuvent préparer d’autres destinées à la démocratie, en fixant ce tourbillon, en implantant dans les ames un principe de dévouement, c’est-à-dire de foi. Une mission nouvelle est aussi réservée au génie démocratique ; il fera traverser au christianisme lui-même une épreuve qu’aucune des religions antiques n’eût supportée sans se dissoudre.

Nous assistons, en effet, à un spectacle tout nouveau sous le ciel. Pour la première fois dans le monde, les institutions politiques se séparent de l’autorité religieuse, sans que les fondemens de celle-ci soient ébranlés ; la démocratie se réalise dans les institutions et dans les mœurs, elle règle tout, depuis la transmission du pouvoir, dans l’ordre politi-