Il faut montrer pour le passé de la patrie, soit religieux, soit politique, une intelligence impartiale. Qu’il soit clair à tous que les défenseurs d’une démocratie intelligente ne veulent pas rompre violemment le fil des traditions et des temps, mais bien transformer les traditions et faire sortir des entrailles du passé, non pas un bâtard sans ancêtres, mais un avenir légitime et glorieux.
Il ne faut plus que les amis de la liberté séparent leur cause de celle des idées et de la science de l’Europe. Cette faute a été commise par quelques-uns : le temps est venu sans doute de la réparer et de n’y plus retomber : ce n’est pas par une haine sauvage des mérites et des pensées des autres nations que fructifiera sur notre propre sol l’émancipation sociale.
Nous ne devons pas non plus nous acharner sur des mots et sur des formes, et s’il était dans la langue politique un nom, un mot qui épouvantât les esprits sans les instruire, qui même ne représentât rien de positif, d’applicable et de possible, et qui ne pût plus servir que de frontispice à un édifice inconnu, dont l’avenir seul produira les architectes, nous dirions qu’il faut laisser ce mot dormir au milieu de traditions et de souvenirs dont la gloire énergique suffit à le défendre et à le conserver. Le peuple ne doit songer aujourd’hui à détrôner personne, mais à s’instruire et à s’élever lui-même.
Ainsi répondons à une situation nouvelle par de nouveaux efforts, par l’abandon des voies reconnues fausses, par le refus complet de toute solidarité avec le mal, par le concert et la bonne foi des efforts. N’incidentons pas sur les mots et ne nous embarrassons pas dans nos propres vanités comme des enfans et des rhéteurs. Parti démocratique, parti constitutionnel, parti social, parti de l’humanité, nous trouverons des noms pour nous désigner quand nous l’aurons mérité. Confions-nous pour ce baptême à la justice du monde.