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de la piété du moyen-âge, M. Mérimée ne s’est point laissé aller aux enthousiasmes, aux épanchemens, aux naïves admirations de l’artiste et du poète ; il est resté l’inspecteur des monumens historiques de France, son pied n’a point bronché en marchant sur des chapiteaux brisés, il n’a point eu d’éblouissement en regardant à travers les vitraux des cathédrales ; et, pour la première fois peut-être, un langage en quelque sorte officiel se trouve donner des choses une idée vraie et exacte. Le ton général du livre est sec, tranchant, rapide, nerveux ; toutes ces pierres décrites avec tant de sang-froid ne marchent pas, il est vrai, mais elles ne mourront pas du moins. À la vue du vandalisme moderne qui finira par rendre tout-à-fait inutile la charge d’inspecteur des monumens, M. Mérimée se contente de sourire amèrement, et d’écrire au ministre. La tournée de M. Mérimée commence à Nevers, puis il traverse Autun, Lyon, Nîmes, Arles, Marseille, passe dans le Languedoc ; enfin, l’hiver l’arrête à Toulouse. Nous blâmerons la mutiplicité des termes techniques qui n’ont pas toujours le mérite d’être inattaquables. Nous concevons peu l’accueil assez froid qui a été fait à ce livre ; il est de ceux qui apprennent beaucoup : est-ce donc un titre de proscription auprès des connaisseurs ?

M. Alfred de Vigny publiera très prochainement un important ouvrage sous le titre de Servitude et grandeur militaires.




F. BULOZ.