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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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14 août 1835.


La fatalité qui s’attache à M. Guizot, a encore signalé cette fois son passage au pouvoir, par des actes hostiles à la presse et à la liberté. Il y avait long-temps que nous le prédisions à M. Guizot ; c’est là qu’il devait en venir ; sa destinée s’est enfin accomplie. La haute influence qu’il exerce dans ce ministère est maintenant bien manifeste. Les lois portées par MM. de Broglie et Persil, à la chambre des députés, en sont l’éclatante expression. Nos lecteurs connaissent déjà le texte de ces lois qui serviront un jour à compléter l’histoire des campagnes de M. Guizot contre les libertés publiques.

L’ensemble des lois de MM. de Broglie, Guizot et Thiers, tous anciens journalistes, tous fauteurs d’une opposition anti-dynastique, se résume en ceci :

Toute attaque, même indirecte, même par voie d’allusion contre le principe ou la forme du gouvernement du roi, sera considérée comme un attentat à la sûreté de l’état, c’est-à-dire déféré à la cour des pairs s’il plaît au pouvoir. « Nous avons qualifié crime les offenses au roi, et l’attaque contre le prince et la forme du gouvernement, dit M. Persil, dans son exposé de motifs. Nous avons fait plus ; nous avons classé ce crime au rang des attentats contre la sûreté de l’état. » Ces paroles de M. Persil peignent toute une époque, et sont d’une moralité profonde ; on se croirait aux plus terribles journées de la révolution, où les délits se changeaient en crimes, selon la fantaisie de ceux qui tenaient le pouvoir.

Le gérant d’un journal et l’écrivain qui auront commis un de ces cri-