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PASSAGE DES ANDES

EN HIVER.


.... La rive gauche du torrent n’offrait plus de sentier praticable à nos mules ; un roc perpendiculaire s’élevait en face de nous, et c’était le dernier pas avant d’arriver à la région des neiges. Peut-être pouvait-on faire quelques milles de plus sur le bord opposé ; mais comment franchir cette rivière encaissée, qui mugit et bouillonne à travers d’énormes pierres détachées de siècle en siècle du sommet des montagnes. Le vieux guide hasarda le passage ; il s’élança courageusement dans l’eau, emporté par la force du courant, ballotté au milieu des blocs de granit, jusqu’à ce que, sa mule venant à heurter contre un de ces écueils, ils firent tous les deux un plongeon, et se trouvèrent rejetés contre la rive d’où ils étaient partis. Pedro secoua ses habits mouillés, marmotta quelques imprécations, et entassa des broussailles sur le feu pour se sécher à loisir. Une seconde tentative fut faite par le courrier, mais sans plus de résultat. Il était donc décidé que nous devions commencer à marcher à pied.

Bien qu’on s’y attendît d’un instant à l’autre, cette nouvelle nous plongea dans un grand découragement. Excepté quelques