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REVUE DES DEUX MONDES.

Radieux qu’elle tient de ses sœurs les étoiles.
Chacune va chercher les vêtemens de lin
Que le brillant soleil, son père souverain,
A tissus des rayons des plus pures lumières
Pour les heureuses nuits des noces printannières,
Et que Margaritus, maître des belles fleurs,
Selon sa fantaisie a peints de cent couleurs.
Nous allons toutes prendre, au fond de nos cassettes,
Les riches diamans avec les bandelettes,
Les joyaux de cristal, et de perle et d’or fin,
Dont nous avons coutume, à la lune de juin,
De parer nos cheveux, ainsi que les génies,
Pour aller visiter les molles fantaisies
Et les rêves charmans du bel enfant vermeil
Dont un petit lézard protége le sommeil.
Puis nous défilerons sous tes yeux en silence,
Jeune homme, et tu diras, selon ta conscience,
Laquelle parmi nous descend en ce jardin
De cette douce fleur, qu’un poète au matin
Est venu prendre au champ de la belle nature,
Pour en faire une blonde et chaste créature,
Une vierge, un enfant gracieux et charmant,
Plein de bonté naïve et de pur dévoûment,
Qui, dans ses plus beaux jours, se souvenait encore
Du sillon dans lequel elle était près d’éclore,
Et fut toujours pieuse envers ses humbles sœurs,
Au point que sur le soir, dans les gazons en fleurs,
Lorsqu’en se promenant aux lueurs de la lune,
Sur le bord du sentier elle en remarquait une
Qui paraissait la suivre avec des yeux jaloux,
Elle ne tardait pas à quitter son époux,
Et venait un instant s’arrêter auprès d’elle.
Et lui parler tout bas, cette vierge fidèle ! »

La marguerite bleue aussitôt se leva :
On eût dit, à la voir, la reine de Saba