Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 3.djvu/477

Cette page a été validée par deux contributeurs.
469
DOCTOR MARGARITUS.

Qui maintenant couvraient toutes voix bienveillantes,
Et quoique nous n’eussions pour témoins que des plantes,
Et des lézards couchés sur des gazons touffus,
Je me troublai, lecteur, et devins tout confus.
N’auriez-vous que douze ans, et votre chevelure
Serait-elle aussi vierge, aussi blonde, aussi pure,
Que celle des enfans qui vinrent vers le Christ ;
Auriez-vous la candeur d’un vieillard qui rougit,
Et tous les purs trésors d’un cœur de jeune fille ;
Quand une chaste fleur que la rosée habille
Et qui vient de s’ouvrir sous l’haleine de Dieu,
Se met à vous railler, jeune homme, elle a beau jeu.

Toutes les fleurs du pré d’une voix haute et franche
Parlaient comme le soir les oiseaux sur la branche.
Et comme pour sortir de ce lieu de rumeur,
Je cherchais à gagner la maison du docteur,
Dont je voyais la lampe à travers la croisée,
Une fleur s’éleva sur sa tige élancée,
Et me dit : « Le docteur est en travail ce soir,
Et ce n’est que demain que tu le pourras voir.
Ainsi, reste avec nous jusqu’à ce qu’il descende. »
— Mes sœurs, écoutez-moi, dit une autre plus grande,
Et qui sous mes regards se balançait aussi,
Puisque l’étudiant passe la nuit ici,
Il faut l’interroger afin qu’il nous apprenne
Laquelle est entre nous la marguerite reine,
Que le poète au champ a cueillie un beau jour
Pour lui donner le cœur de Faust et son amour.

« Écoute, tu vas voir un merveilleux prodige,
Chacune d’entre nous, se levant sur sa tige,
Va se montrer à toi dans toute sa beauté
Avec le diadème, et le sceptre enchanté,
Et la tunique molle et flottante, et les voiles