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REVUE DES DEUX MONDES.

Il trouve humiliant pour toute créature,
Pour tout homme sorti des mains du Dieu vivant,
De se ployer ainsi qu’un roseau sous le vent.
C’est pour cela qu’il t’aime, ô sublime nature !
Ô reine des soleils ! parce qu’en te servant
Il garde sa franchise et sa rustique allure.

Et ces fleurs qu’avant tout il chérit ici-bas,
Sont pleines d’amour chaste et de reconnaissance,
Mystérieux parfum dont je fais plus de cas
Que de l’autre, et qu’hélas ! de belles fleurs n’ont pas.
Elles savent en tout ce qu’il veut, dit ou pense,
Et dans les douze mois le jour de sa naissance.

Et ce jour-là, sitôt les premières ardeurs,
Dès que les gais rayons de l’astre de l’aurore
Commencent à tinter sur la vitre sonore,
Et sur les rideaux peints de bizarres couleurs
Éveillent en passant mille gentilles fleurs,
Mille oiseaux variés qu’ils semblent faire éclore,

Le vieux Margaritus jusques au lendemain
Ferme soigneusement son livre de science ;
D’un anneau précieux orne sa blanche main,
Puis, quand il a vêtu sa robe de satin,
S’assied de tout son long dans un fauteuil immense
Comme s’il s’apprêtait à donner audience.

Alors de belles fleurs qui viennent de la part
De leurs sœurs du jardin, les reines Marguerite,
Pour le complimenter et lui rendre visite,
S’avancent hardiment jusqu’aux pieds du vieillard,
Et demeurent ainsi long-temps sous son regard,
En le félicitant selon qu’il le mérite.