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DES ARTS EN HOLLANDE.

art qui soit cultivé et goûté par les Hollandais. Chaque particulier un peu riche possède une collection de tableaux, de dessins ou de gravures, plus ou moins étendue ; les plus belles sont celles de MM. Steengraght et Verstolk Van Zullen à La Haye, et de M. Van Loon à Amsterdam. Les pièces les plus importantes qui les composent sont de Brauwer, de Dow, de Jean Steen, Teniers, Metzu, Terburg, Van der Neer, Van Netzer et Ruysdaël. Elles contiennent aussi les plus magnifiques paysages d’Hobeema. On sait que les œuvres de ce maître sont fort rares. M. Van Loon m’a dit avoir payé l’un de ces paysages, d’une dimension ordinaire, la somme de 16,000 florins (plus de 32,000 francs). La collection de dessins nationaux de M. Van Zullen est peut-être la plus précieuse qui existe en Europe.

Je serais bien venu à parler ici de la littérature hollandaise, puisque toute ma science, en cette matière, consiste à comprendre avec beaucoup de peine cinq ou six lignes du Staat-Courant, le Moniteur de La Haye. Je dois cependant, pour compléter cette série d’observations, hasarder une simple note sur son état actuel.

La langue française est assez familière aux personnes de la classe élevée, pour leur permettre de l’écrire avec quelque correction. Le duc de Saxe-Weimar a publié dans notre idiome, à La Haye, un remarquable récit de sa campagne de Java, et un éminent fonctionnaire s’est efforcé de réfuter, en quatre gros volumes, l’excellente histoire de la révolution belge de M. Nothomb.

La plupart de nos livres modernes sont traduits aussitôt qu’ils paraissent, et alimentent d’ordinaire la curiosité de ceux qui ne peuvent lire l’original dans les contrefaçons de Bruxelles. Il existe aussi quelques écrivains nationaux, dont le plus renommé est un jeune poète, M. Van Lennep, que ses compatriotes ont surnommé le Byron de la Hollande. L’ouvrage le plus estimé de M. Van Lennep est un roman historique tiré des annales de son pays au xvie siècle. J’ignore par quel hasard il n’est pas encore traduit en français. La fable en est quelque peu embrouillée ; on s’accorde généralement à louer les descriptions de lieux et de mœurs qui y sont semées avec abondance ; le style passe pour une des parties les plus brillantes de l’ouvrage. M. Van Lennep a publié les pièces de théâtre dont les titres suivent : Fiesque, le Village sur les limi-