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DES ARTS EN HOLLANDE.

voulu faire une satire des religieux qui l’employaient, et que ceux-ci, bonnes âmes candides et naïves, ne s’aperçurent jamais de l’intention dont ils étaient victimes. Chacune de ces stalles représente une des mille variétés du péché, et le héros du petit drame est toujours vêtu en moine et porte la plupart du temps des oreilles d’âne. L’un se livre à la gloutonnerie, l’autre caresse une grosse fille bien avenante ; celui-ci dort, celui-là s’enivre. Un de ces personnages bouffons tient un broc à chaque main ; il vide celui de la main droite qu’il porte à ses lèvres pendant qu’il emplit drôlatiquement celui de la main gauche, incliné à la hauteur de son bas-ventre. Ces compositions capricieuses sont très énergiquement dessinées ; les figures se font surtout remarquer par une expression à la fois naïve et malicieuse.

C’est dans les galeries de peinture qu’il faut chercher la véritable traduction du génie artiste des Hollandais, sans s’arrêter plus qu’il n’est besoin aux singulières débauches d’esprit que nous venons de signaler. Aussi bien la peinture est-elle le seul art qui ait réellement jeté dans ce sol de profondes racines, lesquelles, même après que l’arbre est tombé, donnent encore aujourd’hui des rejetons assez vivaces.

Les musées qu’entretient le gouvernement pour servir aux études sont au nombre de deux, celui de La Haye et celui d’Amsterdam. Les tableaux sont en petit nombre, mais choisis parmi les chefs-d’œuvre des maîtres nationaux. Le musée de La Haye renferme quatre cent vingt-trois tableaux catalogués ; le musée d’Amsterdam quatre cent quinze. Sur ce nombre, il faut compter, dans celui de La Haye, seize tableaux représentans de l’école allemande, dont deux Albert Durer et cinq Holbein. L’école française est figurée par une bataille de Bourguignon, un paysage de Claude Lorrain, un autre de Poussin, et deux Joseph Vernet, la Tempête et la Cascade de Tivoli. Cereso, Murillo et Velasquez font les frais de l’école espagnole ; à eux trois, cinq tableaux. L’école italienne est un peu plus riche : elle expose trente-trois toiles, dont un Guido Reni, le Meurtre d’Abel, une belle tête de la Vierge de Sassoferrato et des Salvator Rosa apocryphes, suivis d’une foule de copies qu’on fait passer pour des originaux. Une salle écartée contient quelques cadres de l’école hollandaise moderne, qui donnent au