Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 3.djvu/436

Cette page a été validée par deux contributeurs.
428
REVUE DES DEUX MONDES.

quelquefois, ce n’est jamais que des parties anatomiques, comme les mains et les bras du Moïse, par exemple.

Les costumes du tombeau d’Engelbrecht se font remarquer au contraire par un délicieux fini. Les arabesques des cuirasses, entre autres, sont dignes de Jean Goujon. Buonarotti n’eût pas ainsi fait. Les draperies eussent remplacé les ciselures.

Et il faut convenir cependant que les visages du comte et de sa femme, et le buste tout entier du Régulus sont dignes du grand sculpteur florentin et entièrement dans son style habituel, d’où je conclurai que Buonarotti a certainement mis la main à ce groupe, mais qu’un artiste d’une autre école a fini ce qu’il avait commencé.

C’est à cela que se borne la richesse architecturale de la Hollande, à moins qu’il ne vous plaise de ranger dans cette catégorie les nombreuses sculptures en bois qui décorent les églises. Il y aurait beaucoup à dire sur ce sujet à peu près inconnu ; et celui qui ferait un relevé et une critique exacte de ce que l’Europe renferme de monumens de ce genre, remplirait, je crois, une lacune dans l’histoire de l’art. Les sculptures en bois de la Hollande surprendront outre mesure un artiste qui verrait pour la première fois cette espèce de patiente production. Il demeurerait en extase devant cette forêt de chênes taillés, creusés et dentelés, représentant sur des plans successifs des myriades de sujets et de personnages mêlés confusément : ici l’arbre du paradis dont les branches et le feuillage s’épanouissent en chaire à prêcher, avec Adam et Eve et tous les animaux de l’arche pour population ; là l’histoire de notre Sauveur depuis l’étable de Bethléem jusqu’à la croix du Calvaire ; plus loin la vie d’un martyr, et la kirielle des saints et saintes défilant en procession comme un régiment de fusiliers. Il ne s’enquerrait ni du mauvais goût, ni du peu de modelé, ni de l’inextricable dédale du sujet. Pour moi, déjà familiarisé avec cet art primitif, je n’ai presque rien trouvé en Hollande qui approchât de ce que j’avais vu en Belgique, en Allemagne et dans le Tyrol. Généralement peu de délicatesse de ciseau, plus de gaucherie que de naïveté. C’est encore l’église de Bréda qui contient les meilleures sculptures en bois des provinces hollandaises. Les sujets des stalles sont surtout curieusement choisis et composés.

Il paraît que l’artiste chargé de cette décoration du chœur a