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LA QUENOUILLE DE BARBERINE.

se colore d’un jaune blond comme l’or d’un épi mûr. Si elle est infidèle, elle devient noire comme du charbon, et aussitôt une odeur infecte se fait sentir.

ULRIC.

C’est bien ; maintenant, prends ce qu’il te faut dans cette bourse, et rends-moi le reste.

POLACCO.

Qui saura viendra, qui saura viendra.

ULRIC.

Vends-tu si cher cette bagatelle ?

POLACCO.

Qui viendra verra, qui viendra verra.

ULRIC.

Que le diable t’emporte avec tes proverbes !

POLACCO.

Je baise les mains, les mains… Qui viendra verra.

(Il rentre chez lui.)


Scène III.

Au château du comte Ulric.
Entrent ROSEMBERG et BARBERINE.
ROSEMBERG.

En quoi l’amour peut-il être une offense ? Qui est-ce offenser que d’aimer ?

BARBERINE.

N’en parlons plus, seigneur, je vous en prie.

ROSEMBERG.

Puisque Dieu a fait la beauté, comment peut-il défendre qu’on l’aime ? C’est son image la plus parfaite ; oui, si Dieu a créé l’homme à sa ressemblance, nul ne lui ressemble plus que vous.

BARBERINE.

Mais si la beauté est l’ouvrage de Dieu, la sainte foi jurée à ses autels ne lui est-elle pas plus chère que la beauté même ? S’est-il contenté de créer ? N’a-t-il donc pas sur son œuvre céleste étendu la main comme un père, pour défendre et pour protéger ?