rentrer avec la même aisance, et vous promettre de nouveaux succès. C’est alors que vous recueillerez les fruits de la troisième maxime : « oser, c’est avoir, » et que vous serez réellement expérimenté, redoutable et puissant.
Ah ! seigneur Dieu ! si j’avais su cela plus tôt ! Vous me faites penser à un certain soir que j’étais assis dans la garenne avec ma tante Béatrice. Je sentais justement ce que vous dites là ; il me semblait que le monde disparaissait, et que nous étions tout seuls sous le ciel. Aussi je l’ai priée de rentrer au château ; il faisait noir comme dans un four.
Vous me paraissez bien jeune encore, et vous cherchez fortune de bonne heure.
Il n’est jamais trop tôt, quand on se destine à la guerre. Je n’ai vu un Turc de ma vie ; il me semble qu’ils doivent ressembler à des bêtes sauvages.
Je suis fâché que des affaires d’importance m’empêchent d’aller à la cour cette année ; j’aurais été curieux d’y voir vos débuts.
Pouvez-vous croire que j’oublie cette rencontre ? C’est le ciel qui m’a conduit sur cette route ; une auberge si incommode ! des draps humides, et pas de rideaux ! Je n’y serais pas resté une heure, si je ne vous avais trouvé.
Que voulez-vous ? Il faut s’habituer à tout.
Oh ! certainement ; ma tante Béatrice serait bien inquiète si elle me savait dans une mauvaise auberge. Mais nous autres garçons, nous ne faisons pas attention à toutes ces misères. Que Dieu vous protège, cher seigneur ! Mes chevaux sont prêts, et je vous quitte.
Au revoir ; ne m’oubliez pas. Si vous avez jamais affaire au vaïvode, c’est mon proche parent, et je me souviendrai de vous.
Je vous suis tout dévoué de même.