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Or, à prendre ces cinq principes les uns après les autres, on peut en consentir facilement la réalité, nous tombons d’accord que notre France a été admirablement formée par la nature dans sa structure et ses limites, et qu’ayant pour barrière le Rhin, les Alpes et les Pyrénées, elle est bien assise en Europe.

Nous convenons aussi que la France est chrétienne dans son culte et sa manière de concevoir et d’adorer Dieu, et que le christianisme a développé dans notre patrie la liberté civile et l’égalité morale.

Les libertés municipales sont inhérentes à la vie même de la nation ; elles constituent, pour ainsi parler, le ménage de l’état, et peuvent se concilier avec l’unité politique.

Jusqu’ici l’unité sociale a eu pour expression la monarchie, et nous ne faisons nulle difficulté de reconnaître les mérites et les titres de l’ancienne royauté.

Sans doute le principe de la liberté politique ne sera pas repoussé par nous, et nous ne rejetterons pas la concession, faite par les écrivains royalistes, du droit de la nation de travailler à la création de ses propres lois.

Sur quoi reposent donc les dissentimens profonds qui nous séparent des publicistes de la Gazette de France ? Sur le principe souverain et idéal qui prime ces principes réels et historiques. Nous n’ignorons pas que ces publicistes ont écrit qu’il ne fallait pas chercher dans un principe unique la base des sociétés politiques et de la souveraineté ; mais ou ils se font illusion à eux-mêmes, ou ils se sont proposé de la faire aux autres. À leur insu, ou malgré leur dissimulation, ils ont pour principe souverain le dogme du pouvoir monarchique établi par Dieu même sur les sociétés de la terre ; leur politique est toujours celle que Bossuet tirait de l’Écriture sainte. En vain ils associent au principe monarchique quatre autres principes : de ces quatre, le principe chrétien se confond dans leur esprit avec le principe monarchique ; et les principes du territoire, de la municipalité et de la liberté politique, ne peuvent être que les satellites du principe chrétien-monarchique. Voilà la vérité.

Et pourquoi combattons-nous les écrivains royalistes ? C’est parce qu’un autre principe nous soutient et nous édifie, à savoir