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DÉBATS SUR LE CHRISTIANISME.

La Gazette de France a été, durant la restauration, l’organe d’un système ou plutôt d’un homme politique, M. de Villèle. Quand, après les folies de la chambre de 1815, l’autorité royale entre les mains de Louis xviii eut été contrainte, sous peine de périr encore, de dériver vers l’opposition libérale, les royalistes sentirent la nécessité d’une conduite plus sage et plus contenue, qui pût leur rendre le pouvoir et la direction de la société. Ils consentirent à se discipliner et à reconnaître un chef. M. de Villèle mena le parti royaliste, et força les ennemis du régime parlementaire à en prendre les habitudes. L’ancien député de la Haute-Garonne n’apporta dans la vie politique d’autre système que le désir du succès ; il voulait conquérir l’influence et l’autorité pour lui et pour les siens, satisfaire les intérêts positifs du côté droit de la société française, et, dans le dessein de cette satisfaction, entraîner la France en arrière jusqu’au point nécessaire. Il fut contre-révolutionnaire avec modération et habileté, donna au pays, par son administration, des prospérités matérielles, et lui demandait en échange le sacrifice de ses passions et de ses idées. Mais il lui fut plus facile de réduire l’intérêt de la dette publique que le cours du siècle.

Tout en soutenant l’administration de M. de Villèle, les publicistes de la Gazette de France cherchèrent après coup des fondemens théoriques au triomphe de leur parti. Ils recomposèrent dans le passé une ancienne constitution de la monarchie, qu’ils présentèrent comme le type éternel de notre société : ils écrivirent que le devoir des hommes d’état était de ramener la France à ce modèle indélébile, autant que les travers du siècle le permettraient.

Sous le titre de la Restauration de la société française, les écrivains de la Gazette de France, ayant pour interprète M. de Lourdoueix, ont esquissé un plan de sociabilité qu’ils ont établi sur cinq principes :

Le principe territorial,
Le principe chrétien,
Le principe municipal,
Le principe monarchique,
Le principe de liberté politique.