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DÉBATS
SUR
LE CHRISTIANISME.

La société est aujourd’hui à la fois inerte et active. Non-seulement elle se refuse à tout mouvement brusque, mais même elle est sans goût pour cette application aux affaires, constante et soutenue, qui constitue la vie politique. Elle assiste avec indifférence à la petitesse des choses et des hommes. Cependant, d’un autre côté, elle aime l’exercice de la pensée, le développement des théories et l’émotion des idées. Elle veut être éclairée et remuée ; les élans de la spéculation, de l’éloquence et de la poésie la trouvent avide et curieuse ; non-seulement elle permet à l’écrivain l’audace et l’innovation, mais elle l’y sollicite et l’y pousse ; elle méprisera quiconque écrit et parle sans oser : les répétitions des pensées éprouvées et connues lui sont fastidieusement amères.

Du nouveau ! voilà sa soif et son cri. Du nouveau ! et pourquoi ? pour s’en servir plus tard. Le siècle nous semble distribuer son temps avec méthode ; aujourd’hui, conflit des théories les plus discordantes ; plus tard, élection des idées les plus édifiantes et les plus fécondes ; plus tard encore, application de la vérité reconnue. Est-ce donc là désespérer et mourir ?